Microsoft Word fait partie des traitements de texte les plus utilisés dans le monde.
Intégré directement à la base du programme, le correcteur orthographique souligne en rouge les fautes d’orthographe, et en vert les fautes d’accord et de conjugaison.
Certaines fautes persistent, pendant que d’autres mots bien orthographiés sont signalés comme erreur. Ces nombreux quiproquos peuvent amener les utilisateurs à commettre encore plus de fautes qu’ils ne l’auraient fait sans l’outil.

Pour Word, tout est bon !

Le correcteur orthographique de Word n’est pas capable de distinguer deux mots similaires.
Prenons l’exemple suivant :

« Au vu des problèmes de sécurité détectés cette année, l’installation de logiciels restent une priorité. »

Ici, la phrase comporte une faute. Le verbe « rester » a pour sujet le mot « installation » et devrait être écrit sans « ent » à la fin. Le correcteur orthographique ne détecte rien, tout simplement parce que pour lui le sujet du verbe est le mot qui le précède, à savoir « logiciels ».

Reprenons la même phrase en corrigeant la faute, et en ajoutant un « e » à la fin du mot « vu ».

« Au vue des problèmes de sécurité détectés cette année, l’installation de logiciels reste une priorité. »

correcteur_word

Le logiciel ne détecte toujours aucune faute, alors qu’il y en a toujours une. Dans l’expression « au vu de », « vu » ne prend pas de « e », alors que dans l’expression « en vue de », c’est l’inverse. Mais Word ne fait aucune différence entre les deux, tout simplement parce que pour lui les deux existent.

Le correcteur de Word ne prend pas en compte le contexte

Le second souci du correcteur orthographique de ce traitement de texte c’est qu’il ne tient pas compte du contexte de la phrase. Le contexte est essentiel pour l’orthographe et la grammaire. Un mot peut être considéré comme faux dans un contexte et complètement bon dans un autre. C’est pourquoi cet élément ne devrait pas être dissocié du correcteur lui-même. Mais comme vous allez le voir dans la phrase suivante, ce n’est pas du tout le cas :
correcteur_word_1
Dans cette phrase, Word suggère une faute mais pas au bon endroit. En effet, il propose ici de mettre le verbe « aller », écrit à l’infinitif, au participe passé, alors que la faute est l’absence du « t » à la fin du verbe pouvoir, « Ma fille peut ». Word ne prenant pas en compte le contexte de la phrase, ne fait pas la différence entre le verbe « peut » et l’adjectif « peu », qui n’ont pas du tout le même sens. Pire encore, si vous acceptez la modification de Word, on se retrouve avec une phrase comportant deux fautes au lieu d’une.

L’obsolescence du dictionnaire de Word

Beaucoup de mots ne sont pas reconnus par le logiciel alors qu’ils existent pourtant bien. Il peut s’agir de noms propres, mais aussi et surtout de noms communs entrés dans le dictionnaire, il y a un certain temps déjà. Prenons l’exemple suivant :
« Il est en train de comater devant la télé. »
Le verbe « comater », entré dans le dictionnaire en 2012, et qui signifie « être dans un état de somnolence », n’est pas connu par le correcteur orthographique de Word, qui le souligne donc en rouge. Il propose plusieurs corrections comme « colmater » ou « compter ». Vous avez la possibilité de rajouter n’importe quel mot au dictionnaire, qui n’aura rien à voir avec le sens de votre phrase.

Les alternatives au correcteur orthographique de Word

Quatre correcteurs orthographiques et grammaticaux se prévalent d’être une alternative efficace au correcteur intégré de Word.

Antidote
Disponible sous Windows, Mac, Linux, et maintenant sur iPhone, Antidote vérifie l’intégralité de votre texte, en prenant en compte le contexte de la phrase. Ainsi, orthographe, grammaire, conjugaison, syntaxe et typographie sont remis en ordre. Intégré directement au logiciel Word et à votre messagerie, ce dernier met à votre disposition plus de 30 dictionnaires différents ainsi que des guides linguistiques.

Cordial
Concurrent direct d’Antidote, Cordial. Disponible sur Mac, PC, iOS et Android, ce correcteur orthographique s’intègre à vos logiciels, et autres navigateurs. Il corrige tous vos écrits, tout en vous permettant d’améliorer votre syntaxe et votre vocabulaire. Comme Antidote, ce dernier comprend de nombreux dictionnaires et guides linguistiques. Cordial se distingue par l’intégration d’un outil de traduction.

Le Robert Correcteur
Le logiciel Le Robert Correcteur utilise une méthode pédagogique pour aider les utilisateurs à progresser en français. Ainsi, il corrige toutes les fautes possibles et inimaginables, des fautes d’orthographe aux fautes de grammaire, en passant par les fautes de ponctuation. Huit dictionnaires sont d’ailleurs à votre disposition, dont un dictionnaire classique, un dictionnaire de synonymes, et un dictionnaire de citations françaises et étrangères.

Prolexis
Le Petit ProLexis devient Le Robert Correcteur, fruit d’une collaboration entre Diagonal et les dictionnaires Le Robert.
Il se prévaut d’être encore plus puissant qu’avant avec l’ajout de 8 dictionnaires de référence Le Robert, l’ajout de 6 guides linguistiques de référence Le Robert, des ajouts qui permettent au logiciel de concurrencer frontalement Antidote 8.
Celui du Robert est plus pointilleux sur l’orthographe de certains mots. Dans l’exemple ci-dessous :
« Dynamitant un marché tenu jusque là par quelques constructeurs… »
Antidote a laissé passer « jusque là », tandis que le Robert le souligne.

En revanche, dans l’exemple ci-dessous :
« Conçu en partenariat avec le rappeur, ces produits ont pour objectif de proposer un son impressionnant. Cette pâte sonore ne plaît pas à tout le monde. »
Les deux n’ont pas signalé « pâte sonore » qui, dans le contexte, devrait s’écrire « patte sonore ».

En parlant du contexte, Le Robert Correcteur reconnaît mieux les pléonasmes et les homonymes que son concurrent.

Pour le Prolexis version 6.2.1, 2 500 mots ont été ajoutés au lexique, en sus de règles sémantiques pour la détection et la correction de 120 nouvelles confusions d’homophones et paronymes (cuir/cuire, gent/gente, pardessus/par-dessus…) ; une dizaine de nouveaux pléonasmes détectés et corrigés (converger dans le même sens, convenir ensemble…) ; un nouveau diagnostic signalant certains emplois critiqués (achalander, initier, solutionner…) ; de nombreuses nouvelles détections en grammaire et plusieurs fausses détections évitées, notamment grâce à :
– une meilleure identification des compléments circonstanciels,
– une meilleure identification des locutions verbales,
– la reconnaissance de nouvelles structures de phrase,
– l’ajout d’un millier de participes passés adjectivés,
– l’amélioration des détections et des propositions liées aux lexiques traditionnel et rectifié,
– une meilleure compréhension des constructions familières (y’a, t’as, etc.).

Prenons les mêmes exemples et faisons le test avec le correcteur Prolexis intégré dans Word.
« Au vu des problèmes de sécurité détectés cette année, l’installation de logiciels restent une priorité. »

 

correcteur_word_2

L’erreur grammaticale est détectée.

« Au vue des problèmes de sécurité détectés cette année, l’installation de logiciels reste une priorité. »

correcteur_word_3

L’homophonie est détectée, une explication et des exemples sont proposés.

« Ma fille peu aller chez son ami puisqu’elle a fini ses devoirs. »

correcteur_word_4

L’homophonie est détectée, une explication et des exemples sont proposés.

« Il est en train de comater devant la télé. »

correcteur_word_5

Une possible erreur est détectée et des suggestions sont faites.

Ce type de logiciel, que l’on trouve intégré ou pas au traitement de texte ne corrige pas directement les fautes ! Il se borne à détecter les fautes possibles et à proposer des corrections. Le logiciel confronte le mot frappé avec le « dictionnaire » qu’il possède en mémoire et signale les désaccords.

Qui plus est, dans certains domaines, il se peut que certains mots échappent au dictionnaire courant. Certains logiciels comme celui de Word peuvent parfois pousser à faire une faute au lieu de la corriger !

Si je suis assez perplexe sur les avantages du correcteur intégré à Word, je le suis moins avec un logiciel spécialisé comme Prolexis qui fonctionne à la fois avec des traitements de texte et des applications de mise en page (XPress, Indesign). Pour l’utiliser quotidiennement, on ne peut que reconnaître son efficacité pour les erreurs de typographie.
Ces vérificateurs, malgré leurs insuffisances, peuvent rendre toutefois quelques services. Ils peuvent permettre, dans un premier temps, de « nettoyer le terrain ».

À certains qui pensent que la profession est menacée par le recours aux logiciels de correction automatique, je leur objecterai que quelle que sera la perfection atteinte par ces outils, ils ne remplaceront jamais l’œil d’un professionnel averti.

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