4/ Le participe passé

Quid de l’accord avec le verbe avoir, avec être ou sans auxiliaire, de l’accord du participe passé avec les verbes pronominaux, et de l’accord du participe passé suivi d’un infinitif ?

Comment ne pas confondre l’infinitif, le participe passé et la 2e personne du pluriel : -er/-é(es)/-ez ?

L’accord du participe passé avec le verbe

On le serine dès l’école primaire : avec l’auxiliaire avoir, le participe passé s’accorde avec le complément d’objet direct quand celui-ci est placé avant le verbe :

« j’ai acheté des fleurs », « je les ai achetées ».

L’accord du participe passé des verbes pronominaux

On vous l’accorde, c’est un peu plus compliqué mais avec un peu de réflexion, cela finit par rentrer ! Le participe passé des verbes pronominaux proprement dits s’accorde en genre et en nombre avec le sujet : «Je me suis absentée». Pour les verbes transitifs et intransitifs employés pronominalement, on les traite comme s’ils étaient conjugués avec avoir : « Elles se sont lavées », « Elles se sont lavé les mains », « Ils se sont succédé ».

Voyons cela en détail.

L’INFINITIF, LE PARTICIPE PASSÉ ET LA 2E PERSONNE DU PLURIEL : -ER/-E(ES)/-EZ

-ER correspond à la terminaison de l’infinitif des verbes du 1er groupe. Exemple : bouger, manger…

-É(ES) correspond à la terminaison du participe passé des verbes du 1er groupe. Exemple : j’ai bougé, il a mangé…

-EZ correspond à la terminaison de plusieurs temps à la 1er personne du pluriel. Exemple : veuillez accepter, vous finissez…

Il faut remplacer le verbe qui pose problème par un équivalent qui va vous servir à identifier la terminaison correcte.

Prenez un verbe du 3e groupe comme « prendre », « faire », « battre ».

Lorsque vous pouvez remplacer le verbe par « PRENDRE », la terminaison sera –er.

Lorsque vous pouvez remplacer le verbe par « PRIS », la terminaison sera –é(es) en fonction du genre et du nombre (masculin, féminin, pluriel).

Lorsque vous pouvez remplacer par « PRENEZ », la terminaison sera –ez. Cette terminaison ne peut être associée qu’au pronom « vous ».

Avant-hier, je vous ai envoyé un courrier.

Vous pouvez dire « je vous ai pris », donc la terminaison est « é ». « je » est au masculin singulier.

Vous devez compléter ce formulaire.

Vous pouvez remplacer « devez » par « prenez » et « vous devez compléter » par « vous devez prendre » donc les terminaisons sont –EZ et –ER.

EN RÉSUMÉ

Remplacer le verbe par des verbes du 3e groupe comme « prendre », « choisir », « faire » ou « vendre ».

Si la phrase est correcte à l’oreille avec « faire » ou « prendre », c’est –er.

Je pars acheter/acheté du pain à Je pars prendre du pain.

Si la phrase est incorrecte à l’oreille, c’est –é.

J’ai manger/mangé une pomme à J’ai vendre une pomme.

ATTENTION

Méfiez-vous de l’idée préconçue selon laquelle, lorsque deux verbes se suivent, le second est un infinitif.

Cette maison, je l’ai vu construire, puis je l’ai vue construite.

Quand vous constatez la présence d’un participe passé dans une phrase que vous avez à rédiger, il faut tout d’abord regarder ce qui le précède.

La règle du qui, quoi ?

Lorsque, pour résoudre l’accord du participe passé « les gens ont rêvé », nous poserons la question les gens ont rêvé qui, quoi ?, comme nous ne trouvons pas de réponse, nous le laisserons invariable. Si nous posons la question : qui a rêvé ?, nous ne sommes pas loin, mais notre accord sera incorrect. On va considérer les cas qui se présentent et pour chacun d’eux offrir une, voire deux questions qui permettent d’établir un accord correct.

Se méfier des apparences visuelles :

Ils se sont vus et parlé

Ils ont vu qui ? Eux. Ils ont parlé qui ? Personne : ils ont parlé à eux, donc pas d’accord.

Se méfier également des apparences phonétiques :

Les glaces qu’elle s’est offertes

Que la forme soit positive, négative ou interrogative, l’accord du participe passé sera le même.

à la forme négative les glaces qu’elle ne s’est pas offertes

à la forme interrogative ces glaces, se les est-elle offertes ?

PARTICIPE PASSÉ + VERBE ÊTRE

Heureusement, huit fois sur dix, il ne s’agit pas d’un pronominal. Dans ce cas, la question sera : qu’est-ce ou qui est-ce qui est participe passé ? et d’accorder avec la réponse où qu’elle se trouve :

Une porte est fermé- (?) Qu’est-ce qui est fermé ? La porte. Donc on écrit : une porte est fermée

Les enfants sont parti- (?) Qui est-ce qui est parti ? Les enfants. Donc on écrit : les enfants sont partis

En cas d’accord, le masculin l’emporte sur le féminin, sauf opinion philosophique contraire. Donc si vous commencez une énumération par « sont admis… », il suffit qu’il y ait un homme dans la liste pour que le participe s’écrive « admis ». En revanche, s’il n’y a pas d’homme, on écrira « admises ». D’où l’utilité d’écrire d’abord la phrase avant d’accorder le participe.

ATTENTION

Avoir été, ce n’est pas l’auxiliaire avoir mais l’auxiliaire être. « Été » est toujours invariable, et le participe qui suit s’accorde avec la question qu’est-ce qui a été ? ou qui est-ce qui a été ?

Isabelle a été cambriolé- (?)

Qui est-ce qui a été cambriolé ? Isabelle. Donc on écrit : Isabelle a été cambriolée.

PARTICIPE PASSÉ + VERBE AVOIR

Si le verbe n’est pas suivi d’un infinitif, il faut prendre le sujet, le verbe avoir, le participe passé et poser la question qui ? ou quoi ? Par exemple :

Les meubles que j’ai fermé- (?)

J’extrais le sujet j’ (auteur de l’action), avoir et le participe passé, puis je pose les questions qui ? et quoi ? J’ai fermé qui ?, quoi ? réponse : les meubles. Cette réponse est écrite devant, et donc j’accorde avec cette réponse.

Les meubles que j’ai fermés

S’il n’y a pas de réponse, je laisse le participe invariable.

Elle a rêvé- (?) Elle a rêvé qui ?, quoi ?

Comme il n’y a pas de réponse écrite à cette question, je n’accorde pas.

ATTENTION

Dans ces cas, il est fréquent que, perturbé par l’absence de réponse, on change la question (du style : qui a rêvé ?), ce qui est une source fréquente d’erreur.

Si la réponse est écrite après, nous n’accorderons pas.

Elle a fermé la porte

Elle a fermé qui ? Quoi ? réponse : la porte. Mais comme le mot porte se trouve écrit derrière, je n’accorde pas.

Les glaces qu’il m’a offertes

Il a offert qui ? Quoi ? réponse : les glaces. Pour trouver le m’, il faudrait poser la question : à qui ? Ce serait une erreur : à qui ?, ce n’est pas qui ? Parfois, la réponse est écrite devant sous forme de pronom : Je l’ai mise, cette robe. J’ai mis quoi ? l’, qui représente la robe et est écrit devant.

ATTENTION

Il nous a invités, mon frère et moi.

On a tendance à dire : il a invité qui ? Réponse : mon frère et moi. C’est faux : la réponse est nous, écrite devant.

Le participe précédé d’avoir est suivi d’un infinitif

La chanson que j’ai entendu chanter.

Si l’on désire commencer la phrase par j’ai, on est obligé d’écrire : J’ai entendu chanter la chanson.

Nous ne pourrions pas écrire : j’ai entendu la chanson chanter. Pourquoi ? Parce que la réponse à la question j’ai entendu quoi ? n’est pas la chanson, mais le verbe chanter. C’est la raison pour laquelle le participe passé restera invariable.

La chanteuse que j’ai entendue chanter.

Il est permis d’écrire : j’ai entendu la chanteuse chanter. Donc, la vraie réponse à la question qui ?, quoi ? est la chanteuse, et l’on accorde.

LES CAS DE « FAIT » et « LAISSÉ »

« fait » et « laissé » + infinitif seront toujours invariables. Même quand ils sont employés avec l’auxiliaire avoir ou lorsque le COD est placé avant le verbe.

On dira : ces robes, je les ai faites, mais : ces robes, je les ai fait repasser.

Ils se sont fait avoir comme des bleus.

Ils se sont laissé avoir comme des bleus.

La place de commerciale qu’elle a fait attribuer à une autre.

La place de commerciale qu’elle a laissé échapper…

Les toujours invariables

D’autres verbes quasi pronominaux tels que se plaire (plu), se déplaire (déplu), se complaire (complu), se parler (parlé), se succéder (succédé), se mentir (menti), se nuire (nui), se rendre compte, se ressembler (ressemblé), se sourire (souri), se suffire (suffi), s’appartenir (appartenu), se convenir (convenu), s’en vouloir (s’en… voulu) sont toujours invariables.

Ils se sont plu au premier regard.

Nous nous sommes rendu compte de notre erreur.

Les deux avocates se sont parlé hier.

Ils se sont ri de nous.

Les mois se sont succédé.

LA FORME PRONOMINALE ET LES VERBES PRONOMINAUX

Il y a pronominal lorsque le verbe être est précédé de me, te, se, nous nous ou vous vous. La différence entre les auxiliaires être et avoir réside dans le fait qu’on utilise être quand on dit ce qu’on est et avoir lorsque l’on dit ce qu’on fait. Lorsque nous disons elle s’est calmée, nous employons être, car nous disons ce qu’elle est. Or, dans cette phrase, nous décrivons également une action qu’elle a commise. L’auxiliaire avoir se sent légitimement frustré ; pour le satisfaire, nous allons accorder ce participe comme s’il était précédé d’avoir. Et nous ferons le raisonnement suivant : elle a calmé qui ? réponse : elle, représentée par « se » et placé devant. D’où l’accord.

 

Question Réponse et accord
Nous nous sommes rencontrés Nous avons rencontré qui ? nous, accord avec nous
Nous nous sommes parlé Nous avons parlé qui, quoi pas de réponse, participe invariable
Nous nous sommes tenus par l’épaule Nous avons tenu qui ? nous, accord avec nous
Nous nous sommes tenu l’épaule Nous avons tenu qui, quoi ? l’épaule (placée après), invariable
L’épaule que nous nous sommes tenue Nous avons tenu qui, quoi ? l’épaule, accord avec l’épaule
Nous nous sommes rappelés au téléphone Nous avons rappelé qui ? nous, accord avec nous
Nous nous sommes rappelé notre enfance Nous avons rappelé qui, quoi ? l’enfance (placée après), invariable
L’enfance que nous nous sommes rappelée Nous avons rappelé qui, quoi ? l’enfance, accord avec l’enfance
Les problèmes se sont succédé Les problèmes ont succédé qui, quoi ? pas de réponse, invariable
Les glaces qu’il s’est offertes Il a offert qui, quoi ? les glaces, accord avec les glaces

Quelques petites difficultés

Des passifs peuvent apparaître. On accordera toujours : les chevaux se sont vendus à les chevaux ont été vendus. Comme cet auxiliaire « être » est en fait un auxiliaire « avoir » déguisé, et comme nous savons que l’auxiliaire « avoir » peut être suivi d’un infinitif, nous pouvons nous demander ce qui se passe lorsqu’un pronominal est suivi d’un infinitif. On voit alors si l’on a bien compris les deux points précédents, car il faut poser les deux questions. D’abord, nous assurer que le pronom (me, te, se…) répond bien aux questions qui ? quoi ?, puis nous demander s’il fait l’infinitif qui suit. Voyons les trois cas :

Question Réponse et accord
1. Ils se sont juré de vaincre ils ont juré qui, quoi ? pas de réponse*, invariable
2. Ils se sont vu voler leur portefeuille ils ont vu qui, quoi ?est-ce que ce sont eux qui volent? eux, accord,mais non, invariable
3. Ils se sont vus réussir ils ont vu qui, quoi ?est-ce que ce sont eux qui réussissent ? eux, accordoui, accord

* Pour trouver le « se », il faudrait poser la question à qui ?

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