Elle s’impose en vertu du sens de la phrase et de la chronologie des actions, c’est-à-dire de l’ordre logique que le temps impose. Dans l’exemple suivant : « Je crois que demain il faisait beau », l’absurdité saute aux yeux ! C’est à prévenir de telles incohérences que travaille la concordance des temps.

Le temps du(des) verbe(s) subordonné(s) dépend toujours du temps du verbe principal. Le choix de ce temps est soumis soit au sens de l’énoncé, soit à des règles strictes.

Reprenons la phrase précédente :

Je crois (principal) que demain il fera beau (subordonnée).

L’INDICATIF EST LE MODE DE LA CONSTATATION ET DE LA DESCRIPTION

Le présent de l’indicatif a sept emplois :

1)         Présent momentané (moment où l’on parle).

Le PC plante.

2)         Présent prolongé (action présente commencée avant; pas encore finie).

Il cafouille depuis quatre jours.

3)         Présent d’habitude (action répétée dans le passée, dans le futur).

Il va chaque jour à l’usine.

4)         Présent de vérité générale.

La terre est ronde.

5)         Passé rapproché.

Il vient de partir.

6)         Futur proche.

Il va partir. / J’arrive! / Je vous attends demain.

7)         Présent de narration.

Un agneau se désaltérait dans le courant d’une onde pure. Un loup survient à jeun…

Une leçon est à tirer de cette connaissance de la grande variété des emplois du présent de l’indicatif. Beaucoup de choses peuvent être, avec succès, exprimées au présent, même si elle sont passées (présent de narration, prolongé ou d’habitude); même si elles sont à venir (futur proche, présent prolongé). C’est, en effet, l’emploi du présent de l’indicatif qui laisse le moins de prise à l’interprétation.

Ainsi une note de service mettant en place une nouvelle organisation peut être rédigée : « Des objets disparaissent depuis quelques mois. La multiplication des incidents nécessite que des mesures soient prises. Ainsi, à partir de mercredi, tous les membres du personnel sont susceptibles d’appliquer cette nouvelle organisation. En premier lieu les vêtements de travail ne quittent le vestiaire qu’en raison du nettoyage qui continue de s’effectuer dans les conditions antérieures. En second lieu… »

L’IMPARFAIT DE L’INDICATIF A TROIS EMPLOIS

  • Action prolongée dans le passé.

Le mois dernier, les appareilleurs aménageaient le porte avion.

  • Action inachevée, commencée dans le passé.

Madame Barbant travaillait déjà hier à ce dossier.

  • Action qui se répète dans le passé, mais plus maintenant.

Chaque jour, il attendait qu’on vienne le chercher.

LE PASSÉ SIMPLE EXPRIME UNE ACTION PASSÉE, BRÈVE, UNIQUE ET ACHEVÉE

Louis XIV mourut en 1715.

Employés simultanément, imparfait et passé simple marquent la différence dans le passé entre les actions ponctuelles et celles qui se prolongent.

L’automne vint, les feuilles tombèrent. Elles tombaient jour et nuit, descendaient en tournoyant.

LE PASSÉ COMPOSÉ EXPRIME UNE ACTION ACCOMPLIE DONT LE RÉSULTAT DURE ENCORE

Hier, j’ai préparé l’expédition de ce matin.

De nos jours, le passé simple tombant en obsolescence, le passé composé en assume la fonction.

Que fîtes-vous hier / Qu’avez-vous fait hier ?

LE PASSÉ ANTÉRIEUR S’EMPLOIE DANS LES SUBORDONNÉES POUR DÉCRIRE UNE ACTION QUI A PRÉCÉDÉ CELLE DE LA PRINCIPALE

Quand l’animateur eut présenté l’ordre du jour (subordonnée), il proposa une méthode de travail (principale).

Dès qu’ils eurent achevé leur travail, ils se levèrent.

Il peut aussi marquer une action rapidement achevée.

J’eus terminé en un clin d’œil

LE PLUS-QUE-PARFAIT EXPRIME UNE ACTION PASSÉE QUI A DURÉ MAIS QUI EST ACHEVÉE AU MOMENT AUQUEL IL EST FAIT ALLUSION 

La semaine dernière, ils avaient réorganisé les archives.

Il peut aussi évoquer un regret (valeur de conditionnel).

Si j’avais su !

LE PASSÉ SURCOMPOSÉ EXISTE

II a eu vite fini sa tournée.

Il insiste sur l’achèvement et la ponctualité de l’action.

Il avait eu vite fini sa tournée. (Plus-que-parfait surcomposé)

Il aura eu vite fini sa tournée. (Futur antérieur surcomposé)

Il aurait eu vite fini s’il en avait eu les moyens. (Passé 1re forme du conditionnel surcomposé)

Il fallait qu’il ait eu vite fini pour qu’il puisse se reposer. (Passé surcomposé du subjonctif)

LE FUTUR SIMPLE EXPRIME UNE ACTION À VENIR 

Demain, je téléphonerai à madame Barbant.

Le futur proche est exprimé par un présent.

En langage parlé, le futur peut servir à atténuer une affirmation ou un impératif :

Je vous dirai que votre travail n’est pas satisfaisant. / Combien ça fera? Vous me permettrez de vous dire que vous êtes bien impoli.

LE FUTUR ANTÉRIEUR EXPRIME UNE ACTION QUI RESTE À ACCOMPLIR AVANT QU’UNE AUTRE LE SOIT

J’arriverai quand vous aurez fini.

II peut servir à exprimer :

–           une supposition :

Il n’est pas encore arrivé? Il aura manqué le train. La victime est tombée de l’échelle ; elle aura voulu traverser.

–           une constatation :

Jack Ruby est mort ; l’assassin n’aura guère survécu à sa victime.

–           un passé accompli :

Cette machine est obsolète ; elle aura vécu.

LE FUTUR PAR RAPPORT AU PASSÉ EST EXPRIMÉ PAR LE CONDITIONNEL

Je vous avais annoncé que les travaux seraient finis le 21 décembre.

À l’indicatif, la concordance des temps est une simple concordance de sens. D’après les valeurs qui viennent d’être énumérées, il suffit de choisir le temps à employer dans la subordonnée en fonction de sa situation sur l’axe du temps et de son achèvement ou non au moment de la principale.

Ainsi, il est évident que selon le message, il est possible de dire :

« J’affirme (aujourd’hui) qu’il avait travaillé (à un moment précis du passé qui s’est achevé dans le passé). »

« J’affirme (aujourd’hui) qu’il travaillait (régulièrement dans un passé plus ou moins proche). »

« J’affirme (aujourd’hui) qu’il travaille (dans un présent qui peut déborder le moment ponctuel). »

« J’affirme (aujourd’hui) qu’il travaillera (dans l’avenir). »

« J’affirme (aujourd’hui) qu’il aura travaillé (à une date précise dans l’avenir il aura terminé son travail). »

« J’ai affirmé (hier) qu’il travaillait (hier). »

« J’ai affirmé (hier) qu’il avait travaillé (avant-hier/hier il ne travaillait plus). »

« J’ai affirmé (hier) qu’il aurait travaillé (1. qu’il aurait fini aujourd’hui / 2. sans certitude). »

« J’ai affirmé (hier) qu’il travaillerait (aujourd’hui ou demain ou après-demain). »

« J’ai affirmé (hier) que la terre est ronde (constamment). »

« J’affirmerai (demain) qu’il avait travaillé (avant-hier/hier il ne travaillait plus). »

« J’affirmerai (demain) qu’il travaillait (hier). »

« J’affirmerai (demain) que la terre est ronde (constamment). »

« J’affirmerai (après-demain) qu’il aura travaillé (demain il aura fini). »

« J’affirmerai (demain) qu’il travaillera (demain ou après-demain). »

LE CONDITIONNEL EST LE MODE DE LA SUPPOSITION ET DE LA POLITESSE

La supposition dépend d’une condition exprimée dans la subordonnée.

S’il faisait beau (aujourd’hui), je sortirais (aujourd’hui) => irréalisable S’il avait fait beau (hier), je serais sorti (hier) => irréalisable

La supposition réalisable est exprimée par le futur.

S’il fait beau (demain), je sortirai.

La condition est exprimée par :

–           une subordonnée de condition introduite par la préposition « si » :

Si je gagnais au loto, j’arrêterais de travailler. Quand même ? vous l’aideriez, il ne réussirait pas.

–           un gérondif :

En l’avertissant, vous lui rendriez service.

–           un complément de circonstance :

Sans son travail, il s’ennuierait. /A l’entendre, il serait sûr de sa promotion.

–           une proposition indépendante :

Je le ferais volontiers, mais je ne peux pas.

 Il sert aussi à modérer les propos :

–           pour faire admettre une suggestion :

Nous pourrions sans doute choisir la première proposition.

–           pour demander ou refuser :

Voudriez-vous me permettre de… /]e vous saurais gré de… /Je désirerais… Ne feriez-vous pas… /Je ne me permettrais jamais de… /]e ne saurais accepter.

–           pour donner un conseil :

Vous devriez prendre des congés.

–           pour exprimer la surprise ou l’indignation :

Il ferait ça !

–           pour retransmettre une information dont on n’a pas été témoin :

On m’a signalé que l’opérateur ne porterait pas son équipement de sécurité.

 Ce peut être aussi un futur dans le passé.

LE PASSÉ PREMIÈRE FORME A, POUR LE PASSÉ, LES MÊMES EMPLOIS QUE LE PRÉSENT 

Nous aurions pu sans doute choisir la première proposition.

Je ne me serais jamais permis. /Je n’aurais su accepter.

Vous auriez dû prendre des congés.

Il aurait fait ça !

On m’a signalé que l’opérateur n’aurait pas porté son équipement de sécurité.

LE PASSÉ DEUXIÈME FORME APPARTIENT À LA LANGUE DISTINGUÉE ET AU STYLE LITTÉRAIRE

Il emploie les formes du plus-que-parfait du subjonctif. Comme les autres temps, il marque la supposition ou l’atténuation mais jamais le futur dans le passé.

S’il avait fallu rentrer, je vous l’aurais dit (1re forme).

S’il eût fallu rentrer, je vous l’eusse dit (2e forme).

LE SUBJONCTIF EST LE MODE DE L’OBLIGATION ET DE L’ÉVENTUALITÉ

–           On emploie le subjonctif après les verbes ou locutions verbales exprimant la volonté, la nécessité :

Je veux que, j’ordonne, j’exige, il faut, il est nécessaire, il est inévitable, il importe, il est urgent, je consens, j’accepte, j’admets…

Je veux que tu viennes. Il ne faut pas que tu viennes.

–           On emploi le subjonctif après les verbes de souhait et de doute :

Je souhaite, je désire, je prie, je me réjouis, je m’étonne, j’imagine, je crains, j’aime mieux, il est douteux que…

Je doute que vous interveniez. Il est improbable qu’il vienne.

–           La négation d’une phrase douteuse est une certitude et ne nécessite plus le subjonctif :

Je ne doute pas que vous interviendrez. Il est probable qu’il viendra.

–           De même la négation d’une certitude devient un doute qui demande le subjonctif :

Il n’est pas certain que cette fabrication convienne à vos besoins. Cette clause n’implique pas qu’il doive livrer.

–           Ainsi que les locutions conjonctives :

Avant que, pour que, quoique, en attendant que, jusqu’à ce que, afin que, de peur que, quel que, quelque… que, si…que, bien que, pourvu que, sans que, soit que…soit que.

II est sorti avant que j’aie eu le temps de le saluer.

 –           Le verbe est à l’indicatif s’il s’agit de décrire ou de constater une action certaine après :

Après que, tandis que, aussitôt que, alors que, je sais que, je pense, je crois, je vois, j’affirme, je dis que…

Longtemps après que les poètes ont disparu

Votre règlement nous est parvenu cinq mois après que les marchandises vous ont été livrées.

Je crois que tout est pour le mieux.

Je pense que tout ira bien.

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