A la rentrée scolaire 2016, les manuels scolaires prendront en compte une réforme de l’orthographe recommandée par l’Académie française, qui date de 1990.
Que contient exactement cette réforme que je qualifierais plutôt de révision ou de rectification ?
Rappel historique
Une nouvelle démarche officielle est entamée en 1989 par le Premier ministre Michel Rocard : il charge le Conseil supérieur de la langue française de rédiger des propositions de réforme concernant les thèmes suivants : le trait d’union ; le pluriel des mots composés ; le circonflexe ; le participe passé des verbes pronominaux ; diverses anomalies. C’est la première fois qu’un ordre de réforme est prononcé par un Premier ministre et que l’organisation des travaux est innovatrice : un Conseil est créé par décret. En même temps sont fondés le Comité consultatif de la langue française et le Commissariat général de la langue française qui travaillent étroitement avec le Conseil.
Pour mettre en pratique ces rectifications, le Conseil estime que pour être efficace, une politique de la langue doit rechercher la plus large participation des acteurs de la vie sociale, économique, culturelle, administrative. Comme l’a déclaré le Premier ministre à l’époque, les édits linguistiques sont impuissants s’ils ne sont pas soutenus par une ferme volonté des institutions compétentes et s’ils ne trouvent pas dans le public un vaste écho favorable. C’est pourquoi il est souhaité d’une part que les présentes propositions soient enseignées aux enfants – la nouvelle orthographe étant la règle, l’ancienne (l’actuelle) étant tolérée. D’autre part, qu’elles soient recommandées aux adultes, et en particulier à tous ceux qui pratiquent avec autorité et rayonnement, consignent, codifient et commentent la langue écrite. Les présentes propositions trouveront à s’appliquer au premier chef dans trois domaines précis : la création de mots nouveaux, en particulier dans les domaines scientifiques et techniques, la confection de dictionnaires, et l’enseignement.
En mai 1990, le projet est soumis à l’Académie française qui l’approuve à l’unanimité. C’est donc la première fois qu’une réforme de l’orthographe élaborée à l’extérieur de l’Académie française est acceptée de celle-ci.
Le 6 décembre 1990, les rectifications sont publiées dans les Documents administratifs du Journal officiel.
A l’époque, cette réforme avait fait polémique. Commence alors la période surnommée la « guerre du nénufar » pendant laquelle une violente campagne de presse et quelques intellectuels parisiens s’en prennent aux rectifications. Ainsi, dans le Madame Figaro du 5 janvier 1991, face à une éventuelle suppression partielle de l’accent circonflexe, Bernard Pivot, Philippe Sollers, Jean d’Ormesson et Frédéric Vitoux y expriment leur opposition.
Le contenu des rectifications
Les rectifications de 1990 se basent sur la conviction que l’orthographe française est un système cohérent qui comporte néanmoins quelques incohérences qui doivent donc être rectifiées. Le Conseil a largement suivi les cinq thèmes indiqués par Michel Rocard :
1) le trait d’union
La commission préconise la soudure des mots ; quant aux chiffres, ils devraient être écrits avec des traits d’union (ex. : cent-soixante-et-onze). Seuls millier, million et milliard font exceptions et l’on peut écrire trois-cent-vingt millions.
La soudure s’impose dans un certain nombre de mots, notamment :
- les mots composés de contr(e)– et entr(e)–
- les onomatopées
- les mots d’origine étrangère
- les mots composés avec des éléments « savants ».
Exemples : contre-appel / entre-temps / tic-tac / week-end / agro-alimentaire / porte-monnaie (orthographe traditionnelle) → contrappel / entretemps / tictac / weekend / agroalimentaire / portemonnaie (orthographe rectifiée).
2) les mots composés
Les mots prendront une marque du pluriel finale seulement quand le nom composé est lui-même au pluriel. Donc : un pèse-lettre, des pèse-lettres.
3) le circonflexe
Il ne sera plus obligatoire sur les lettres « i » et « u », sauf dans les terminaisons du passé simple et du subjonctif imparfait, sauf pour les participes passés « mû » et « dû », sauf en cas d’ambiguïté entre homophones au masculin singulier, sauf pour les noms propres, notamment de ville, et les adjectifs dérivés (Nîmes et nîmois). Vous me suivez ?
Cette réforme permet de retirer l’accent circonflexe à certains mots pour lesquels il n’y a pas de risque de perte de sens – tant que vous ne perdez pas le nord ! « S’entraîner » pourra ainsi s’écrire avec un « i » ou avec un « î », « coût » avec ou sans accent. « Mûr », « dû », « sûr » ou « jeûne » conservent en revanche leur accent.
Le comble, dans ce louable effort de simplification, c’est qu’il engendre des homographes.
Un fruit mûr (masculin singulier) prend toujours un « û » pour le distinguer du mur bâti. Mais nous sommes autorisés à écrire : les mures sont mures, les kiwis sont murs.
Quant à l’adjectif « sûr », il subit le même sort : Léo est sûr de lui mais Nina n’est pas sure d’elle.
La commission ne se limite pas aux corrections de l’accent circonflexe, mais elle apporte également des changements aux accents aigus et graves, ainsi qu’au tréma qui est placé sur la voyelle prononcée. Plusieurs règles additionnelles concernant les accents sont spécifiées dans des listes de mots.
La réforme préconise l’accent grave, plus en phase avec la prononciation courante. « Je cèderai », « nous cèderions » sont admis.
Elle a changé l’accentuation de certains mots pour « coller » à la prononciation usuelle.
On peut désormais écrire évènement ou événement, règlementaire ou réglementaire.
4) le participe passé des verbes pronominaux
Selon la commission, l’accord du participe devrait être révisé de façon fondamentale et ne pas se limiter aux verbes pronominaux. Mais comme, dans le cadre de ce projet, une telle démarche aurait trop loin, on s’est limité à une petite simplification.
Le participe de « laisser » suivi d’un infinitif sera aligné sur celui de « faire », qui reste invariable dans ce cas (même quand l’objet est placé avant le verbe et même avec l’auxiliaire avoir) : elle s’est laissé séduire (comme elle s’est fait féliciter), je les ai laissé partir (comme je les ai fait partir), etc. »
5) anomalies diverses
Les « modifications orthographiques » décrétées en 1975 et révoquées en 1987 sont remises en vigueur. Elles sont de plus considérablement élargies. Ces modifications concernent souvent les consonnes géminées, ainsi que les dérivés des substantifs en –an et –on, pour lesquels il faut écrire un seul « n » lorsque l’on forme des néologismes.
Les mots empruntés, pour l’accentuation et le pluriel, suivront les règles des mots français (exemple : un imprésario, des imprésarios) ; des graphies seront rendues conformes aux règles de l’écriture du français (exemple : douçâtre), ou à la cohérence d’une série précise (exemples : boursouffler comme souffler, charriot comme charrette).
Les verbes en -eler ou -eter se conjuguent comme peler ou acheter. Les dérivés en -ment suivent les verbes correspondants. Exceptions : appeler, jeter et leurs composés.
j’amoncelle / amoncellement / tu époussetteras (orthographe traditionnelle) → j’amoncèle / amoncèlement / tu époussèteras (orthographe rectifiée)
En tout, 2 400 mots sont concernés, soit environ 4 % du lexique de la langue française.
Ces modifications orthographiques restent des recommandations et n’ont rien d’obligatoire.
Ce présent document fait état de toutes les modifications en question.
Une première tentative pour appliquer cette réforme avait échoué en 2008. Si la polémique ressurgit aujourd’hui, c’est parce que les éditeurs de manuels scolaires (des sociétés privées indépendantes) ont décidé de prendre en compte l’orthographe révisée dans leurs éditions de la rentrée 2016. Mais certains d’entre eux (Hatier par exemple) appliquaient déjà ces modifications dans leurs ouvrages.
Post-1990, les éditeurs Larousse, Hachette et Le Robert décident de ne pas entériner les rectifications dans leurs publications, mais de les faire paraître « à titre d’information et de curiosité » en appendice.
Quant aux soi-disant réformes officielles au tournant du deuxième millénaire – affectant à peine 0,2% de nos 100 000 mots – elles sont si faibles que personne ne les a forcément remarquées jusqu’à présent.
Aujourd’hui, les médias et les réseaux sociaux s’emparent soudainement d’une réforme de l’orthographe qui a été votée il y a près d’un quart de siècle, à laquelle il n’y a pas lieu d’y donner plus d’importance qu’il ne le faut, à mon avis.
Chacun, y compris les enseignants, est libre d’utiliser ou pas cette orthographe révisée.
L’orthographe révisée est la norme officielle depuis 1990, et les programmes scolaires officiels ont l’obligation de respecter l’orthographe officielle, tout simplement. C’est pourquoi il est indiqué en note de bas de page des programmes applicables à la rentrée 2016 qu’ils tiennent compte de la révision de l’orthographe adoptée en 1990 mais cette précision figurait également dans tous les autres programmes scolaires depuis 25 ans, notamment dans ceux de 2008 en vigueur aujourd’hui, sans que personne ne s’en émeuve…
« Parler de réforme voudrait dire que l’on aurait changé les règles syntaxiques de la langue, il ne s’agit que de rectifications mineures sur des mots », insiste d’ailleurs le président du Conseil supérieur des programmes, Michel Lussault. Pour rappel, le Conseil supérieur des programmes est un organisme indépendant, porteur de la réforme des programmes. Pas du collège.
Quid de cette réforme de 1990 chez nos amis francophones ?
En Suisse
Cette réforme n’a pas non plus été spécialement appliquée jusqu’à présent. «Il y a bien eu une circulaire romande diffusée en 1996 pour signaler cette nouvelle orthographe mais, dans les faits, la majorité des enseignants n’ont rien changé à la pratique», explique Gregory Durand, président de la Société pédagogique vaudoise (SPV). La seule nuance, c’est que les deux versions d’un mot peuvent en théorie être acceptées : c’est tout bénéfice pour un élève qui aurait inopinément oublié un circonflexe dans une dictée. Il ne s’agit pas de conservatisme de la part des enseignants, à entendre Gregory Durand, mais avant tout de bon sens. Selon ce dernier, « ce sont les journaux, les livres et les dictionnaires en ligne qui donnent le ton. Il semble donc inutile de brusquer les choses à l’école. ».
En Suisse alémanique, une majorité s’exprime en faveur d’une plus grande tolérance envers les fautes d’orthographe. Cette différence d’opinion entre Suisse romande et Suisse alémanique est explicable par la valeur que l’orthographe a pour les uns et les autres : en Suisse romande l’orthographe correcte est considérée comme élément important de l’identité culturelle francophone à laquelle on tient ; en Suisse alémanique, en revanche, l’orthographe française est perçue tout d’abord comme difficile et compliquée et elle est considérée comme un simple moyen de communication avec le monde francophone.
En Belgique
Des circulaires cautionnent l’usage des rectifications orthographiques dans l’enseignement.
Au Canada
Le Bureau de la traduction, organisme qui s’occupe des besoins linguistiques du Parlement, des tribunaux, des ministères et des organismes fédéraux, accepte les deux orthographes.
Le Conseil supérieur de la langue française recommande depuis 2005 l’enseignement de la nouvelle orthographe dès le primaire.
L’Office québécois de la langue française donne la priorité à la nouvelle orthographe pour toutes ses publications et travaux. Ainsi, les néologismes qu’elle crée ou accepte et les emprunts à des langues étrangères se trouvent sous la forme de l’orthographe rectifiée dans son grand dictionnaire terminologique (GDT).
En 2005, le Bureau de normalisation du Québec (BNQ) est le premier organisme de l’administration publique québécoise et probablement du monde à adopter les rectifications pour tous ses documents.
Le ministère de l’Éducation, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche (MEESR) inclut la nouvelle orthographe dans son programme d’enseignement, l’accepte lors des épreuves uniformes de français et, depuis 2010, aussi pour les examens de fin d’année. Plusieurs universités québécoises l’enseignent, dont l’université du Québec à Montréal ainsi que l’université Laval. De plus, cette dernière l’accepte pour les travaux d’étudiants et les examens de français.
Pour le reste du Canada
Au printemps 2009, le ministère de l’Éducation de la province de la Saskatchewan a envoyé aux directions d’écoles un communiqué contenant un miniguide des nouvelles règles de l’orthographe et expliquant que la Direction de l’éducation française locale a adopté les rectifications et que celles-ci figureront désormais dans les programmes d’études et les évaluations provinciales. Il confirme que les deux orthographes sont justes et demande de transmettre l’information aux enseignants de français.
Les provinces du Nouveau-Brunswick, de l’Île-du-Prince-Édouard et de la Nouvelle-Écosse, acceptent la nouvelle orthographe lors des examens ministériels. Les écoles de la région de Moncton au Nouveau-Brunswick, ont également reçu la liste alphabétique des mots touchés par les rectifications, et le personnel est invité à employer les graphies rectifiées dans les documents administratifs et scolaires. Le ministère de l’Éducation néobrunswickois a demandé à son équipe la création d’un matériel d’autoformation sur les rectifications qui serait en ligne et à destination des enseignants du primaire et du secondaire.
Depuis le 1er avril 2009, tous les documents, courriers électroniques et programmes d’études de la Direction de l’éducation française (DEF) du ministère de l’Éducation de la province de l’Alberta sont en nouvelle orthographe. Le site web du ministère l’applique aussi, les enseignants ont été renseignés sur cette décision et ont reçu de la documentation au sujet des rectifications.
Une enquête effectuée en 2002 et 2003 auprès de 306 étudiants d’universités francophones belges, françaises, québécoises et suisses a révélé que 60 % des Belges interrogés disent connaître plus ou moins la nouvelle orthographe ; il en va de même pour 53 % des Suisses, 37 % des Québécois et 10 % des Français.
Les étudiants français de l’enquête ne sont plus que 3,3 % lorsqu’il s’agit de supprimer l’accent circonflexe sur le i ou aucun à écrire ognon à la place d’oignon.
Un amalgame s’est fait entre la réforme du collège, les nouveaux programmes, et cette révision de l’orthographe, présentée comme une nouveauté imposée par le gouvernement actuel.
Ce n’est pas le ministère de l’Éducation nationale actuel qui a décidé de cette révision de l’orthographe et encore moins qui aurait susurré à l’oreille de quelques éditeurs de la mettre en œuvre dans les manuels scolaires. Nous dit-on ?
Aujourd’hui, il existe une fracture orthographique dans la société, pire que le précipice du XIXe siècle, entre ceux qui connaissaient le latin et les autres. Une fracture sociale et générationnelle, car à l’université les étudiants ont le niveau des premières classes de collège des années 1950.
L’Éducation nationale a réduit de moitié la part du français dans les programmes à l’école primaire ces 30 dernières années, ce qui explique la baisse de niveau chez les salariés quadragénaires.
Au bureau, ces lacunes ne sont pas sans conséquence. Avec les mails, les salariés écrivent beaucoup plus qu’avant et leurs faiblesses sont exposées.
Et s’il fallait réformer l’apprentissage de la langue française ?
Au lieu de s’évertuer à réformer l’orthographe de quelques mots du dictionnaire, ne devrions-nous pas garder notre temps, notre énergie, notre argent à la sauvegarde de la langue française, à étudier les possibilités d’autres manières d’apprentissage ?
Il serait bien réfléchi de penser à ré(introduire) cette notion de plaisir dans l’apprentissage. Ce qu’avait rappelé Frédéric Beigbeder dans l’émission « La grande librairie » sur France 5 jeudi 8 septembre 2011.
À trop vouloir simplifier l’orthographe de certains termes, notre langue aura-t-elle toujours un sens ?
Au lieu de s’évertuer à vouloir réformer le français pour le simplifier, ne pourrait-on pas penser à réformer son apprentissage ? Apprenons aux jeunes générations à mettre en scène les mots, les lettres.
Connaissez-vous la twittérature ? Toute la difficulté consiste à rédiger un tweet alliant bonne syntaxe et style original, sur un sujet donné.
Allier l’utilisation des réseaux sociaux d’une manière originale, tout en sollicitant la créativité et la maîtrise de la langue française de nos chères têtes blondes.
Réfléchir à leur inclusion systématique dans les cursus scolaires. Et envisager que ces moyens pourraient être des facilitateurs, des vecteurs pour réformer l’usage, la pratique, l’apprentissage, la maîtrise de la langue française pour les plus jeunes en particulier, les générations à venir, actuelles en général.
Et oui (ré)inculquer ce goût d’apprendre, de comprendre ce que l’on apprend, ce goût de l’effort qui devrait être sensé dans tout apprentissage.
Notre langue française est riche entre autres de toutes ces origines qui l’ont composée. Je ne pense pas qu’il faille simplifier l’orthographe de quelques termes pour faciliter son apprentissage. Certes, le français est complexe, regorge de difficultés à assimiler mais c’est aussi ce qui fait sa richesse.
L’Académie française s’est désolidarisée, ces derniers jours, de la réforme décriée qui doit être appliquée à la prochaine rentrée scolaire et ajoute qu’elle n’est pas à l’origine de ces « rectifications » dont le but n’est pas de simplifier la langue, mais bien de corriger des anomalies…
Ce qui pour le moins a l’air de contrarier notre ministre de l’Éducation nationale actuelle qui a fait part de son « étonnement » dans un courrier daté du lundi 15 février 2016 à Hélène Carrère d’Encausse, secrétaire perpétuelle de l’Académie française, qui a pris ses distances avec une réforme de l’orthographe actée en 1990 et en passe d’être généralisée dans les manuels scolaires.
Hélène Carrère d’Encausse affirme n’avoir « pas compris les raisons qui expliquent l’exhumation d’une réforme de l’orthographe élaborée il y a un quart de siècle et où l’Académie française n’a eu aucune part, à l’inverse de ce qu’on l’on a voulu faire croire ».
Or, selon notre ministre de l’Éducation nationale actuelle, le secrétaire perpétuel de l’époque, Maurice Druon, avait affirmé en 1990 que le rapport du Conseil supérieur de la langue française sur les rectifications de l’orthographe « avait été approuvé à l’unanimité par l’Académie ».
Hélène Carrère d’Encausse ne s’oppose-t-elle pas tout simplement au côté autoritariste de la mesure ministérielle ?
Quand la ministre actuelle de l’Éducation nationale dit elle-même que les deux orthographes peuvent cohabiter après réforme, on peut légitimement se poser la question en quoi elle est finalement utile.
Comment peut-on penser qu’il sera plus simple d’apprendre deux graphies à nos chères têtes blondes que d’apprendre l’orthographe telle qu’elle était ante-1990 ?
Comment cette rectification orthographique sera efficace si les acteurs de la vie sociale, économique, culturelle, administrative n’envisagent pas de l’appliquer ? Ne risquera-t-elle pas de tomber de nouveau à l’eau, une fois l’émoi et la polémique passés ?
La ministre actuelle de l’Éducation nationale pense-t-elle à ce point que les enfants du petit peuple sont incapables d’appréhender quelques subtilités jugées inutiles, tout un tas d’accents circonflexes et de lettres inaudibles qui rendraient le français impossible et élitiste ? Deux poids deux mesures ? Un français rectifié pour les uns ? Un français traditionnel pour les autres ?
Pour autant, la langue française s’est depuis lors toujours modifiée par l’emploi usuel. Dans le Petit Robert édition 2015, 10 % des entrées du dictionnaire ont été réexaminées. L’orthographe traditionnelle a été respectée, à côté de celle « révisée » pour que l’utilisateur fasse son choix en connaissance de cause.