Si l’on s’en tient à la définition du dictionnaire Le Petit Robert 2015, une correctrice est une personne qui corrige en relevant les fautes et en les notant. Serait-ce à dire que c’est une institutrice qui corrige une dictée… Pas du tout. Ou encore un dictionnaire intelligent… Pas plus. Pour autant, au nombre d’ouvrages qui s’empilent parfois sur le bureau, il y aurait de quoi y perdre son latin ! Alors, serait-ce un enquiquineur de première, vous savez la personne qui cherche la petite bête… Sans aucun doute !

Corriger, c’est veiller à une bonne orthographe qui est indissociable de la grammaire et de la syntaxe. La fantaisie n’est pas de mise dans ce métier, on se réfère sans cesse à des ouvrages, on obéit à un code typographique qui régit l’écrit depuis l’emploi de l’italique jusqu’à celui des abréviations, en passant par les capitales, les espaces…

Nous devons signaler les répétitions, veiller à la bonne formulation (faire des suggestions, le client étant toujours le décideur final), à la cohérence de la mise en page, à l’uniformité dans tout le texte des mêmes normes ortho et typographiques choisies au départ, vérifier la bonne correspondance des chapitres, pages, titres, en référence à un sommaire, vérifier l’application des styles, des tableaux, les références indiquées en bibliographie. Voire gérer des index et sommaires…

Sans oublier les fautes de frappe, les lettres ou mots effacés, déplacés par erreur, les doubles espaces ou ceux qui manquent, les majuscules au milieu d’un mot en minuscules et inversement et que dire des fautes « conseillées » par certains logiciels.

Si certains textes sont dépourvus de signes de ponctuation, d’autres en abusent. Il s’agit, au travers de ceux-ci, de transmettre l’information avec exactitude, de rendre intelligible un texte au lecteur le moins au fait du sujet. Moult exemples montrent les nuances de sens tenant à une virgule.

Les difficultés à traiter portent sur les matières les plus diverses (attention on prend son souffle !) :

– l’orthographe (les fautes courantes, les noms composés et plus particulièrement les traits d’union et les pluriels, l’accentuation, le pluriel des noms étrangers…

– le genre et le nombre (lettre de remerciements ou remerciement)

– la grammaire (emploi des prépositions, l’accord des adjectifs de couleur, des participes, concordance des temps)

– la ponctuation (emploi des guillemets, tréma)

– les barbarismes et solécismes les plus fréquents (il a demandé après vous, il vous a demandé ; comme si rien n’était, comme si de rien n’était)

– les synonymes (fautes de synonymie courantes : aquatique-marin, illettré-analphabète…)

– les paronymes (signaler et signaliser, acceptation et acception)

– les pléonasmes (comparer entre eux, descendre en bas, marcher à pied, répéter de nouveau)

– l’emploi des majuscules, les néologismes…

Les pièges sont nombreux dans la langue et la grammaire françaises. Les difficultés de la langue ne se bornent pas à l’emploi de mots nouveaux ou pris dans un faux sens. L’orthographe, la grammaire sont hérissées de subtilités et parsemées d’incohérences. La conjugaison nous offre maints embarras. Le genre des mots est souvent douteux.

Cela requiert de la rigueur, une méthode, ne pas rechigner sur une lecture supplémentaire, et surtout s’attendre à et savoir travailler dans l’urgence qui devient monnaie courante dans l’édition, la communication, ce qui promet de belles soirées ou week-ends !

Il s’agit également de savoir s’effacer devant le code typo que l’on connaît par cœur il va s’en dire, les dictionnaires et ouvrages de référence en tout genre, les règles (il y en a quelques-unes et pas des moindres), tout en prenant en compte les consignes du client qui reste toujours le décideur final même devant la règle qui est écrite noir sur blanc dans l’ouvrage que vous avez sous les yeux !

Vérifier même ce que l’on croit savoir ! Ce métier induit une bonne culture générale, d’avoir de bonnes notions dans beaucoup de domaines. Moins vous aurez de connaissances sur le sujet en question, plus vous aurez nécessité de faire des recherches, ce qui induira une perte de productivité.

Il va sans dire qu’il vaut mieux travailler sur une copie du document original, à conserver précieusement, sauvegarder son travail très souvent et savoir utiliser les ressources qu’Internet nous offre.

La présence des moyens informatiques et des nouvelles technologies nous dispense parfois d’utiliser notre bon vieux stylo rouge pour apposer les signes de préparation et de correction en vigueur (voir ci-après) sur la version papier des écrits à corriger. Les corrections s’effectuent directement sur fichiers Word (avant maquette), en les faisant ressortir éventuellement dans une couleur de police différente, ou sont signalées sous forme de notes dans des fichiers Pdf révisables (après maquette) pour signaler la correction à effectuer.

Si, à mes débuts, je corrigeais régulièrement sur copie avec les signes de correction, c’est désormais très rare.

signes de correction

Au fait, qu’est-ce qu’un signe ? Les professionnels de la presse et de l’édition le savent bien. C’est une unité de mesure du texte. Les éléments de ponctuation (parenthèse, virgule, point) sont des signes typographiques. Ils entrent dans le comptage du nombre de signes d’un texte, comme les caractères et les espaces. C’est sur cette base qu’une correctrice facturera la relecture.

Un travail de relecture consiste en une double lecture : une « par l’esprit » qui doit se doubler en permanence d’une lecture « par le regard » pour détecter les coquilles telles que les éléments sautés, rajoutés, intervertis et cela au triple niveau du mot, de la phrase et du texte :

– dans le mot : lettre sautée, répétée, intervertie, accentuation défectueuse ;

– dans la phrase : mot omis, redoublé, ponctuation, syntaxe ;

– dans le texte : lignes sautées, doublées…

Dans certains cas, la correction proprement dite peut être complétée par du travail de réécriture, il s’agit alors de modifier le texte, le couper, le compléter. Tout n’est que suggestion. Le client étant toujours le décideur final.

Un correcteur n’est jamais au repos. Sans cesse, il réfléchit, doute, et surtout redoute de laisser passer la faute, l’erreur, le barbarisme. J.-P. Dubois

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