Le Salon du livre de Francfort qui s’est tenu en octobre a fait, cette année, la part belle à l’ère du numérique.
Le papier devient électronique et nos volumineux romans, des fichiers numériques.
Rappelons que le premier projet de numérisation de livres date de 1971 et se nommait « Projet Gutenberg ». Il avait pour fonction de préserver pour la postérité des ouvrages « papier », dont la durée de vie est assez courte (à l’échelle historique). Le premier document ainsi numérisé fut la Déclaration d’indépendance des États-Unis…
Pour les utilisateurs qui veulent lire un livre qui existe déjà en version papier, il est possible désormais pour certains titres de choisir entre papier et numérique, les deux versions étant proposées en France par les éditeurs traditionnels.
Pour ce que l’on appelle le livre « homothétique », seul le support change (papier ou écran).
Mais si pour certains la lecture numérique se pratique par le biais d’un lecteur ebook dédié, pour les autres, les ebooks se lisent avec un ordinateur, un smartphone ou des tablettes.
La lecture sur tablette permet, quant à elle, une autre expérience dite « augmentée ». Le livre « augmenté » est enrichi de contenus tels que son, vidéos, illustrations, liens Internet, et autres fonctionnalités.
La diffusion de livres au format électronique chez des éditeurs prend une place de plus en plus importante.
Le marché du livre numérique et sa diffusion, serait-il de nature à ébranler la vente de livres papier ?
Le livre numérique remplacera-t-il le livre papier ?
Pour les éditeurs dits spécialisés, qui travaillent sur des guides de voyage, des ouvrages très illustrés, ou éditent des produits pédagogiques, l’ebook « augmenté » ouvre de nouvelles perspectives.
Si le livre numérique homothétique sera plus dédié à la littérature et adapté aux lecteurs à encre électronique, le livre augmenté sera surtout la star des tablettes dans les années à venir, qui seraient les grandes gagnantes tout comme les smartphones.
Resterons-nous sur un prix inférieur ou proche du livre papier pour un livre « homothétique » ?
Dans le cas d’un ebook augmenté, un prix supérieur serait justifié parce que celui-ci serait perçu comme ayant une forte valeur ajoutée ?
Quelle sera la place des versions dites augmentées ? Pour ceux qui en feront le choix, seraient-ils à même de séduire des utilisateurs qui sont nombreux à chercher dans le numérique autre chose que la copie papier ?
Une proposition de loi a été faite récemment, portée par Hervé Gaymard concernant la TVA réduite pour le livre numérique, alignant la TVA du livre numérique sur celle du livre papier.
L’article 1er de la présente proposition de loi propose d’aller plus loin en étendant le taux de TVA réduit au livre fourni sur tout type de support physique, disques compacts, cédéroms, clés USB, etc., mais également téléchargement et enregistrement d’un livre numérique sur un ordinateur, le législateur considérant que l’ordinateur, support de l’enregistrement, est clairement un support physique (source : Le Papiel # 3 Actualitté.com) .
C’est à l’unanimité que les sénateurs ont approuvé mercredi 27 octobre la proposition de loi visant à instaurer un prix unique du livre numérique. Ce prix unique qui devait à l’origine ne concerner que les éditeurs présents sur le territoire national impliquera en réalité chaque livre commercialisé en France. Une mesure qui vise en priorité des vendeurs comme Apple ou Amazon. Le texte contenait également l’alignement de la TVA des livres numériques (actuellement de 19,6 %) sur celle des livres physiques (5,5 %). Le projet a été refusé car cette décision dépent avant tout de la commission européenne.
Pour l’heure le livre papier et le livre numérique cohabitent.
Quel avenir pour le livre numérique et le livre papier ?
Sony voit le numérique devant le papier dans 5 ans, ce qui n’est pas étonnant. Car Sony vient en effet d’annoncer un partenariat avec le n°2 japonais des télécoms pour créer une plateforme de distribution de contenus, et bien sûr, le groupe a très intérêt à ce que ce scénario se produise. L’objectif pour Sony ? Devenir le fournisseur d’ebooks, journaux, magazines… pour tous les appareils mobiles de demain (tablettes, lecteurs ebooks, smartphones….). Chez Hachette qui se veut prudent on parie sur 15 % du marché. Peut-être le reflet d’une vision de l’édition dans laquelle on espère que le livre restera la norme ?
Quand sera-t-il du côté du consommateur ? Comment se positionnera-t-il ? En fonction du prix ? De son attachement au papier ? Garderat-t-il une consultation papier de livres de type littéraire ? Passera-t-il au livre numérique « augmenté » pour le reste ? Pourquoi pas un modèle mixte ? Un livre numérique majoritaire à terme, une option pour acheter à la demande une version papier de très belle qualité pour les livres qu’on aura aimés ?
D’après l’étude de Bain & Company, dévoilée à Avignon le marché du livre numérique deviendra grand, aux alentours de 2015 – en effet, si l’iPad et consorts devrait représenter entre 2/3 et 3/4 du marché, les lecteurs ebook concernent tout de même 20 % de la population et restera entre 1/3 et 1/4 du marché – mais on n’assisterait pas à la mort du livre papier, tout au contraire. Avec le numérique, c’est un nouvel essor pour l’édition qui se profile.
Comme l’a dit le ministre allemand des Affaires étrangères lors de l’inauguration du Salon du livre de Francfort 2010 : » J’ose prédire que le livre électronique ne remplacera pas totalement le livre imprimé, mais le complétera. Le livre survivra à tous ceux qui veulent l’enterrer aujourd’hui ».