Robert Darnton, historien américain, spécialiste du livre, actuel directeur de la bibliothèque de l'université d'Harvard, soit la première bibliothèque universitaire du monde (400 livres en 1638, 17 millions aujourd'hui, sans compter 400 millions de manuscrits et autres archives) a livré au Monde Magazine daté du samedi 15 janvier sa réflexion sur l'avenir du livre et l'enjeu de la numérisation.

La révolution du numérique est pour lui bel et bien engagée. Et les livres électroniques qui représentaient 10 % des ventes aux États-Unis en 2010 atteindront sans doute 15 %, voire 20 % très rapidement.

« Le livre numérique ne chasse pas le livre imprimé, il le renforce », dit-il. Au moins pendant un certain temps. Les maisons d'édition constatent que plus on lit de livres sur une liseuse, plus on achète de livres imprimés. L'appétit ne fait que croître. Un million de livres nouveaux dans le monde seraient imprimés cette année.

L'expansion d'Internet enthousiasme l'historien qui y voit la possibilité de démocratiser le savoir et de créer enfin une vraie république des lettres telle qu'elle fut rêvée au XVIIIe siècle.

À ce sujet, le Département des études de la prospective et des statistiques (DEPS) du ministère de la Culture et de la Communication a fait paraître en 2010 une synthèse très intéressante concernant les différents modèles économiques s’appliquant actuellement au marché du livre numérique en France et dans le monde.

Le résumé est le suivant : « Alors que le marché du livre numérique est encore balbutiant en France et représente moins de 1 % du chiffre d’affaires des éditeurs, les stratégies commerciales mises en œuvre par les acteurs traditionnels de la chaîne du livre et par de nouveaux entrants permettent d’esquisser différentes configurations des marchés du livre numérique. La dématérialisation induit des mutations qui auront des conséquences sur l’ensemble de la filière : disparition et apparition d’acteurs, perte, création et déplacement de valeur, restructuration industrielle. Les enjeux de marché, soumis à certaines contraintes techniques comme celle de l’interopérabilité entre normes de fichiers et matériels de lecture, dépendent aussi du maintien ou de l’évolution de la législation régissant le commerce du livre en France : droits de propriété intellectuelle, fiscalité, mode de fixation du prix. Cette photographie cherche à synthétiser les futurs possibles de l’économie du livre numérique ».

D’après Numerama, la France est encore réfractaire à l'achat de livres électroniques. Les ebooks peinent à décoller en France. Les livres électroniques gratuits représentent 75 % de la totalité des téléchargements en ligne. Parmi les causes de cette situation, un prix à l'achat trop élevé et l'absence de décollage des tablettes électroniques… mais aussi une hostilité française face à l'achat de contenus dématérialisés. D’autres facteurs ? Quid du choix, peut-on le juger suffisant ? Des DRM concernant les ebooks (les acheteurs renvendiquent qu'il soit possible de lire les fichiers qu'ils ont acquis sur tous les supports) ? De la compatibilité ou incompatibilité des formats avec tel ou tel modèle de liseuses/tablette ? La multiplicité des formats est(serait) un obstacle à l'adoption du livre numérique par les consommateurs.

Quand bien même les petits Français se mettraient à consommer plus nettement des livres électroniques, on peut se demander à quoi pourrait ressembler un lecteur de livres électroniques en 2050 ? Le dessinateur anglais Stephen Collins y répond avec ce cartoon. Au-delà de la comparaison moqueuse entre le minimalisme des readers actuels et la multiplication des fonctionnalités de ceux de demain, il pose sa réflexion sur la transformation et de l’évolutivité du contenu.

En prévision, pour tous ceux qui seraient nostalgiques du bon vieux livre papier, la société Durosport vous propose une bombe aérosol diffusant l’odeur du papier pour vous aider à retrouver vos sensations habituelles lorsque vous tenez un livre…électronique. Résultat non garanti !

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