L’ADJECTIF À VALEUR D’ADVERBE

Certains adjectifs complètent le sens d’un verbe : ils ont alors une valeur d’adverbe et restent le plus souvent invariables.

Ces fleurs sentent bon. Vous avez vu juste.

On peut avoir parfois le choix entre l’accord ou non selon que l’on considère que l’adjectif se rapporte au nom, au pronom (accord) ou au verbe (pas d’accord).

Ceux qui souffrent du dos doivent se tenir droits (droits se rapporte à ceux).

Ceux qui souffrent du dos doivent se tenir droit  (droit se rapporte au verbe se tenir).

Dans quelques expressions figées telles que fou furieux, fou amoureux, frais éclos, ivre (raide) mort, grand (large) ouvert… l’adjectif se rapporte à un autre adjectif ou participe passé qu’il précède et fonctionne donc comme un adverbe. Malgré tout, le plus souvent, il s’accorde.

Des fleurs fraîches écloses.

Ils étaient fous furieux.

Mais on laisse invariable fin dans l’expression fin prêt et nouveau dans le nom composé nouveau-né.

L’équipe féminine est fin prête pour le prochain match.

ATTENTION

Pour un adjectif, jamais d’accord en nombre sans accord en genre, ce qui interdit par exemple que l’on écrive les fleurs sentent bons.

LES ADJECTIFS DE LA LANGUE FAMILIÈRE

On trouve des adverbes employés comme des adjectifs (« des filles bien ») et, sur un modèle similaire, des noms qui, pris adjectivement, demeurent invariables : « les quartiers sud de la ville », « porter des manches kimono », « acheter des fauteuils Empire »…

  • Des adjectifs de la langue familière, voire argotique, restent en principe invariables, par exemple :

extra « Ce sont des gens extra » ou (avec un autre sens) « ici on vend des poulets extra »

gaga « Avec l’âge ils sont devenus gaga »

jojo « Elles sont gentilles mais pas très jojo »

rétro « J’aime bien les meubles rétro »

super « Ils sont tous vraiment super »

sympa « II y a là des filles sympa »

On pourra rattacher au groupe précédent un adjectif qui n’est ni récent ni familier : chic. On écrira donc « des femmes chic », « des manteaux chic » ou (non plus dans le sens de l’élégance vestimentaire, mais dans celui de l’élégance morale) de « chic types ».

  • Restent enfin invariables des locutions courantes ayant valeur d’adjectifs et composées d’au moins deux mots :

bon enfant « Je rencontre parfois des contrôleurs bon enfant »

en deuil « Des veuves en deuil allaient au cimetière »

fleur bleue « C’est un roman pour collégiennes fleur bleue »

grandeur nature « Les reproductions grandeur nature coûtent cher »

à la parisienne « On a servi des langoustes à la parisienne » (et, de même, « des sauces à la provençale »…)

à part entière « Ils doivent être des citoyens à part entière »

terre à terre « Ce sont des considérations terre à terre »

vieux jeu « Ces vêtements vieux jeu ne me plaisent pas »

Actuellement, la langue familière se plaît à accumuler les adjectifs invariables, mais ces mots se démodent vite et cette tendance n’est peut-être pas irréversible. En voici cependant un exemple : « On était tous flagada, mais en rencontrant ces filles cool, un peu plouc et folklo mais ni popote ni raplapla, on n’a pas voulu passer des vacances gnangnan ou riquiqui, on est tous allés avec elles aux soirées disco et on a vécu des moments extra et même olé olé. Bref, on a eu des vacances pas hyper, mais sympa. »

De même, les adjectifs étrangers implantés en français restent en général invariables quand ils ont conservé leur forme originale. C’est le cas pour ceux qui viennent du latin : des vêtements ad hoc, des expériences in vitro, des factures pro forma… Il en est de même d’emprunts plus récents, issus notamment de l’anglais : des airs british, des sourires glamour, des mannequins sexy

LE PLURIEL DES ADJECTIFS DE COULEUR

  • Les adjectifs qui prennent toujours la marque du pluriel

Les couleurs les plus usuelles s’accordent régulièrement :

– qu’il s’agisse des couleurs élémentaires : blanc, bleu, jaune, noir, rouge, vert.

des gants blancs  des chaussures rouges

– ou de teintes courantes telles que beige, blond, brun, châtain, mauve, rosé, roux, violet…

des cheveux châtains  des rubans violets

Prennent aussi la marque du pluriel les adjectifs dérivés des précédents.

–  sous la forme de diminutifs : blanchâtre, rougeaud, rouquin…

des traces blanchâtres  des visages rougeauds

–  ou sous la forme de participes : rosé, verdoyant, violacé

des vins rosés  des bois verdoyants

Quand deux mots sont employés pour qualifier une seule couleur, aucun ne varie :

Préférez-vous l’écharpe gris clair ou l’écharpe bleue ?

Quand un nom est utilisé comme adjectif de couleur, il devient invariable. Les seuls à faire exception et à s’accorder malgré tout sont « écarlate », « fauve », « incarnat », « mauve », « pourpre » et « rosé » :

 Les enveloppes marron sont rangées dans le tiroir.

Mais : Le coureur avait les joues écarlates après son sprint.

  • Les adjectifs qui ne prennent jamais la marque du pluriel

Les adjectifs composés demeurent invariables dans tous les cas :

–  deux adjectifs liés par un trait d’union :

des étoffes bleu-vert

des tapis gris-bleu

–  deux adjectifs qui se succèdent sans trait d’union, généralement pour indiquer une nuance :

des murs blanc cassé

des papiers rosé pâle

–  des expressions formées de deux mots ou davantage, que ceux-ci soient ou non liés par des traits d’union :

des manteaux bleu ciel

des robes tête-de-nègre

des tentures vieil or

ATTENTION

Lorsqu’on évoque deux couleurs, l’orthographe n’est pas la même selon la manière dont ces couleurs sont réparties. « Des drapeaux rouges et noirs » sont des drapeaux dont les uns sont rouges et les autres noirs. Mais « des drapeaux rouge et noir » présentent chacun un mélange de rouge et de noir.

Sont également invariables les adjectifs qui désignent une couleur se référant à une chose concrète, par exemple : argent, crème et saumon, c’est-à-dire de la couleur de l’argent, de la crème et du saumon. On écrit donc : « des reflets ivoire, des chaussures marron, des gants mastic, des tissus brique, orange, rouille, turquoise », etc.

Le plus souvent, cette référence est d’ordre minéral (ardoise, émeraude, jade, or, sable…), végétal (aubergine, fraise, pistache, tilleul…) ou animal (canari, chamois, crevette, puce, souris…).

On peut ranger dans la même série les adjectifs dont l’origine dérive d’un nom propre.

Il peut s’agir d’un nom de lieu : bordeaux, champagne et cognac à cause de la couleur du vin ou de l’alcool qu’on y produit ; havane et parme, allusion à la teinte de leur spécialité respective (les cigares et les violettes) ; andrinople, magenta, marengo et nankin qui désignent la nuance des tissus qu’on fabriquait jadis dans ces villes.

ATTENTION

Ne pas accorder les noms employés comme adjectifs de couleur, mais penser à accorder  les adjectifs de couleur  qui en dérivent.

des cheveux argent → des cheveux argentés

des rubans orange → des rubans orangés

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