L’histoire des correcteurs inhérente à celle de l’écriture

Les premières « fautes » furent commises dès que l’écriture commença à respecter des conventions, à avoir des « règles », liées à la langue qu’elle transcrivait et aux graphies. Pour remédier à ces imperfections, pouvant être la cause de malentendus, la correction est naturellement devenue une activité indissociable de toute forme d’écriture.

La fonction particulière de relecteur-correcteur, quant à elle, est concomitante à l’apparition d’ateliers de production (ou de reproduction) de textes. Il y a 3 000 ans, en effet, dans les premières boutiques d’écrivains publics inscrivant sur des tablettes d’argile, sous la dictée, les contrats et inventaires de riches caravaniers, sur les marches du temple ou dans les officines lucratives de prêtres rédigeant sur papyrus, à la demande, les horoscopes personnels des fidèles, déjà se tient le réviseur. Par la suite, on commença à produire à la chaîne des copies de « textes sacrés » ou de grands auteurs, comme Homère, pour les bibliothèques des érudits. La fonction de correcteur était devenue primordiale pour garantir au client, lettré exigeant, la rectitude du texte, une production de qualité. Bien avant l’apparition de l’imprimerie, des armées de correcteurs avaient donc déjà couvert la copie de signes discrets qui ne sont pas typographiques, mais indiquent, en la corrigeant, l’erreur du copiste. Ces signes de correction étaient destinés aux lecteurs eux-mêmes, d’où la nécessité d’en fixer les normes, d’user de signes conventionnels précis, et de transmettre le métier. Les anciens typographes qui devaient recomposer à la casse sur leur composteur parfois plusieurs lignes pour une faute ou un mot oublié, et refaire leur page, ont également maugréé après bien des correcteurs… Mais la qualité de l’édition passait et passe encore et toujours par cette phase de correction.

Au-delà du gouffre des siècles et des techniques, certains traits du métier de correcteurs ont été préservés. Les langues changent, des supports et des médias nouveaux apparaissent, mais l’oeil et la main du correcteur, organes vivants, pensants, sont toujours nécessaires.

(Source : http://www.correcteurs.org – www.correcteurs.com)