Le trait d’union sert à marquer qu’il existe un lien étroit entre deux termes. Ce lien peut être un lien lexical (mots composés) ou un lien syntaxique (entre le verbe et le pronom qui le suit). Lorsqu’il est lexical, le trait d’union est souvent source d’hésitations et on constate des divergences entre les dictionnaires. Toutefois, son emploi répond à quelques principes que l’on peut appliquer. En revanche, quand il est syntaxique, la présence du trait d’union répond à des règles précises.
En cas de changement de catégorie grammaticale
On met toujours un trait d’union dans un mot composé lorsqu’il y a changement de catégorie grammaticale.
Ce peut être une chance (peut être est un groupe verbal).
C’est peut–être une chance (peut-être devient adverbe).
Les mots composés
On met généralement un trait d’union dans un mot composé lorsque son sens ne se déduit pas de l’ensemble de ses composants :
une belle–mère (ce n’est pas une mère qui est belle)
un pied-de-biche (ce n’est pas le pied d’une biche)
Mais on écrit sans trait d’union : une pomme de terre, un chemin de fer, un pied de nez…
Ex-, mi-, semi-, pseudo- et vice-, grand et demi sont toujours reliés au mot qui les suit par un trait d’union.
son ex-mari un semi-remorque le vice-président
grand-père demi-mot demi-sœur
Au pluriel, l’adjectif quelque, suivi de l’article indéfini : quelques–uns, quelques–unes
La plupart des mots composés empruntés à des langues étrangères s’écrivent avec un trait d’union. On les écrit aujourd’hui également souvent en un seul mot.
le turn–over ou le turnover
On met souvent un trait d’union entre deux mots de même nature en remplacement d’une préposition ou d’une conjonction (et).
du tissu–éponge (= du tissu en éponge)
vingt–trois (= vingt et trois)
Les mots composés contenant des éléments tels que bio-, socio-, électro-, etc. s’écrivent généralement en un seul mot.
biochimie socioculturel électroacoustique antichoc
Cependant on met un trait d’union pour éviter le rapprochement de deux voyelles dont la lecture pourrait prêter à confusion.
bio-industrie (oi pourrait être lu comme dans [oie])
extra-utérin (au pourrait être lu comme dans [haut])
Plus généralement, le trait d’union s’impose dans deux noms, qu’on pourrait identifier comme deux éléments distincts, ils sont perçus comme inséparables. C’est le cas de tous les noms composés :
– à partir d’un verbe :
tire-bouchon, faire-valoir, lave-linge, porte-parole…
– sur le modèle préposition + nom :
arrière-boutique, sous-homme, en-tête…
Le verbe + pronom
Le pronom qui suit immédiatement le verbe dont il dépend est toujours relié à ce verbe par un trait d’union. C’est le cas :
- pour les pronoms personnels, et on lorsqu’ils sont sujets inversés :
Peut-on oublier cela ?
Encore faut-il s’en donner les moyens.
- pour les pronoms personnels – ainsi que en et y – lorsqu’ils sont compléments d’un verbe à l’impératif sans négation :
Attends-moi. Prends-en trois kilos.
Les pronoms sont liés par un trait d’union :
– quand deux d’entre eux se suivent :
Allez-vous-en. Dites-le-lui. Donnez-nous-en.
Entre le verbe à la forme interrogative et le pronom sujet :
Partez-vous ?
As-tu regardé ?
Entre le verbe à la forme interrogative et le démonstratif ce :
Est-ce vrai ?
Qu’est-ce que c’est ?
Les mots invariables
Parmi eux distinguons :
- les particules telles que ci ou là :
par-ci par-là ci-contre
celui-ci ci-dessous
- les adverbes ou les locutions adverbiales :
au-dehors avant-hier pêle-mêle sur-le-champ
au-delà après-demain tête-bêche vis-à-vis
- Quelques locutions de ce genre n’ont pas de trait d’union
tout à coup en deçà
tout à fait en dedans
tout à l’heure en dehors
Les préfixes
néo-zélandais néo-impressionnisme
Mais on tend timidement à supprimer le trait d’union, chaque fois que c’est possible :
néocolonialisme néoréalisme
Les noms propres, les prénoms
On doit mettre un trait d’union en cas de prénom double :
Jean-Jacques Anne-Sophie
Pierre-Emmanuel Marie-Caroline
C’est le trait d’union qui différencie le prénom double et la suite des prénoms de l’état civil : Jacques-Henri Dupont et Jacques Henri Edmond Dupont (même si certains préfèrent, dans ce dernier cas, séparer leurs prénoms par une virgule).
- Les noms de famille
Quelques-uns d’entre eux sont, depuis l’origine, composés de deux mots et parfois davantage. Ces mots, sauf la particule nobiliaire et les articles Le et La , sont pour la plupart reliés par un trait d’union :
Camille Saint-Saëns
Antoine de Lévis-Mirepoix
D’autres de ces noms ont été réunis par mariage ou à la suite d’une adjonction légale :
Paul Leroy-Beaulieu
Maurice Merleau-Ponty
Cette règle (réservée aux noms français) connaît un petit nombre d’exceptions :
Pierre Mendès France
Aujourd’hui, beaucoup de femmes mariées ajoutent le nom de leur mari à leur nom de jeune fille. C’est ce que, par exemple, avait déjà fait il y a longtemps la célèbre physicienne Irène Joliot-Curie.
La géographie
- Les localités
C’est la règle en France de mettre un trait d’union quand le nom est double :
Maisons-Laffitte Villers-Cotterêts
– avec les noms de saints :
Saint-Etienne Sainte-Maxime
– avec une qualification ou une précision géographique :
Mantes-la-Jolie Sablé-sur-Sarthe Lamalou-les-Bains Sully-sur-Loire
Placés au début, les articles échappent au trait d’union :
Le Buisson-de-Cadouin mais Nogent-le-Rotrou
La Chapelle-Basse-Mer mais Vitry-la-Ville
Les Adrets-de-l’Estérel mais Ax-les-Thermes
Pour les villes de l’étranger, on constate que, même dans la transcription française, le trait d’union est peu répandu. Mais, faute de règle, mieux vaut consulter le dictionnaire :
Addis-Abeba mais New York
Saint-Pétersbourg mais San Francisco
Stratford-upon-Avon mais Buenos Aires
- Les régions et les départements
Champagne-Ardenne Hautes-Pyrénées
- Les pays
Pays-Bas mais Sri Lanka
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