Kindle-vs-ipad-top-2-e1267295922887 Au pied du sapin, vous avez sans doute trouvé un reader ou une tablette, ces nouveaux « jouets » à la mode. Si le premier serait préféré pour son écran en papier électronique des plus confortables, le second, quant à lui, le serait pour sa polyvalence, idéal pour la lecture de contenus enrichis. Il n’en reste que notre lecture serait 25 % plus lente à l'écran que sur papier.

Si nous avions eu les comparatifs concernant l’autonomie, le confort de lecture, le poids des différents appareils de lecture, il nous manquait bien une chose : à quelle vitesse lit-on en numérique ? Bien entendu, pas lors d’une lecture fragmentée (quotidienne sur le web) mais une lecture sur écran immersive.

En 1998, Jakob Nielsen et John Morkes publient une étude intitulée "Designing Web Usability" qui nous informe des particularités de la lecture d'une page web. On y apprend que :

  • on lit 25 % moins vite à l'écran que sur papier (l'écran est moins confortable que le papier) ;
  • 79 % des internautes scannent (balayent) les textes au lieu de les lire ;
  • 10 % seulement des internautes utilisent les barres de défilement.

Les deux compères proposent donc de tenir compte de ces particularités : 

  • faire des textes 50 % plus courts que pour le papier ;
  • faciliter le "scan" en mettant les mots importants en gras et en multipliant les sous-titres ;
  • découper les articles en plusieurs pages : la première page résume le texte et en présente les points essentiels. Cette première page contient des liens vers des pages développant les idées secondaires.

La lecture à l'écran étant 25 % plus lente que la lecture sur papier induirait la nécessité d'être plus "indulgent" avec le lecteur internet et d'augmenter la concision ainsi que la mise en relief des textes en ligne.

Toutefois, le fait que la lecture soit plus difficile ne veut pas dire pour autant que le taux de lecture soit inférieur… Au contraire, une étude menée par le professeur Lewenstein de l'université de Stanford, et dont les résultats ont été publiés en mai 2000, indique que les articles en ligne seraient lus à 75 %… contre 20 % à 25 % pour les articles imprimés (vis-à-vis desquels le lecteur est moins proactif). La lisibilité d'un texte peut être prise dans deux acceptions différentes. En anglais, comme le rapportent Morin, Sallio et Kretz (1982), on utilise :

  • "legible", pour désigner la lisibilité matérielle d'un texte (typographie, espacement, contraste,…) ;
  • "readable", pour désigner la dimension intellectuelle et psychologique liée au processus de compréhension du texte lu (vocabulaire, logique, contexte,…). Dans ce cas, on évaluera la clarté d'un texte du point de vue de l'utilisateur/lecteur plutôt que du point de vue du producteur/rédacteur.

Autrement dit, un texte (ou, de manière plus générale, un contenu) devrait être facile à lire, mais aussi facile à comprendre, de même que facile à explorer (Zibell, 2000).

Toutefois, il faut apporter un bémol à ce "25 %" vu l'évolution des tailles d'écran, des résolutions, des matières, des habitudes. Aujourd'hui, certains écrans proposent des résolutions d'affichage hollywoodiennes : le 1600 x 1200 pixels, par exemple. Mais dans le même temps, on a vu se multiplier de mini-écrans avec les blackberries, les iPhones et autres écrans de poche. Aujourd'hui, l'iPad débarque, avec l'ambition de concurrencer le confort du papier.

Une récente étude de Jakob Nielsen infirme avec les résultats d'un test réalisé sur quatre supports : livre imprimé, PC, iPad et Kindle. Résultat : la lecture sur iPad est 6 % plus lente que sur papier.

Ainsi, 24 participants à l'étude ont été invités à lire une nouvelle d'Ernest Hemigway sur un iPad (avec iBooks), un Kindle, sur PC, ainsi que sur support papier.

Au final, c’est sur support papier que la lecture aura été la plus rapide, tandis que celle-ci baisse de 6,2 % sur l’iPad et 10,7 % sur le Kindle. Cette différence s’explique sûrement par la taille de l’écran qui, sur le Kindle, permet d’afficher moins de texte et donc ralentit la lecture. En revanche, Jakob Nielsen omet de donner les résultats de rapidité de la lecture effectuée sur un ordinateur.

Ces partipants ont, entre autres, critiqué le poids de l'iPad, le manque de contraste proposé par l'encre électronique du Kindle et l'absence de véritable pagination sur ce dernier. L'application iBook est apparue, à ce titre, comme une alternative de choix puisqu'elle « indique le nombre restant de pages dans un chapitre ». De son côté, le PC apparaît comme peu populaire pour ce genre d'usage, car trop associé au monde du travail. Pourtant, l'écran d'un PC est souvent plus confortable que les écrans étriqués de nos mobiles et readers de poche.

"Le livre papier est perçu comme plus réconfortant", commente l'étude. Le livre classique semble donc avoir encore de beaux jours devant lui, même si, selon le professeur, il faut s'attendre à un développement conséquent du marché des readers dans les mois à venir.

De plus, même si les utilisateurs mettent plus de temps à lire sur iPad que sur papier, la tablette d'Apple s'en sort avec une note supérieure à celle d'un ouvrage classique, avec 5,8 sur 7 (contre 5,7 pour le Kindle, 5,6 pour le livre et 3,6 pour le PC). Il faut néanmoins préciser que les utilisateurs ont été installés dans des fauteuils pour lire, les participants n'ont, ainsi, pas fait l'expérience des reflets du soleil sur la tablette. Reste que le Kindle, dont son principal défenseur Jeff Bezos soutenait il y a encore quelques semaines l'efficacité face aux tablettes tactiles, a de plus en plus de raisons de trembler face à la concurrence.

L'électronique rattraperait le papier, en confort et en performance…

Et vous, papier, reader ou tablette LCD, comment lisez-vous sur ces différents supports ?

Source de l'illustration : www.ebouquin.fr

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.