Il existe deux mots fond en français et, au singulier, ils s’orthographient soit fond, soit fonds. Ils viennent tous deux de l’ancien français fonz, fons, lui-même pris au latin fundus, qui désignaient aussi bien le « fond » d’un objet que le « fonds » de terre, c’est-à-dire un bien, un domaine, un sol que l’on exploite ou sur lequel on bâtit quelque chose. La distinction graphique et la différence de sens se sont faites au XVIIe siècle. Puisqu’on forme les pluriels en français en ajoutant un s, le pluriel de fond c’est fonds, ce qui peut compliquer les choses !

Au sens concret

Le fond d’un meuble, d’un récipient, d’un objet, c’est le bas de cet objet. C’est ainsi que l’on parle du fond d’un verre. Mais lorsqu’on a retrouvé quelque chose au fondd’un placard, on veut dire que l’objet égaré se trouvait contre la paroi ou tout à fait en bas du placard et pour insister sur le mal qu’a donné cette recherche, de là vient l’expression de fond en comble, qui signifie au sens propre « de la cave au grenier » (les combles). Pour rappel, vider ses fonds de tiroir ne signifie pas qu’on se livre au grand ménage de printemps, mais qu’on rassemble ses dernières ressources !

Boire un fond veut dire qu’on boit ce qui reste dans un verre ou dans une tasse. Et si l’on est sobre, on désire seulement « un fond de mirabelle » ! Dans la cuisine, on peut préparer un fond de sauce (de l’eau dans laquelle on fait bouillir de la viande, des os ou du poisson, point de départ de la sauce à venir).

Le fond, c’est aussi la partie éloignée des bords. On parlera du fond d’un chapeau. On usait autrefois ses fonds de culotte sur les bancs de l’école. Enfin, côté opposé à l’entrée : le fond de la pièce ne se comprend que par rapport à la partie par laquelle on y a pénétré.

Gagnons des espaces plus dangereux : les fonds et même les grands fonds ! à l’origine de ces fameuses lames de fond, de grandes vagues aussi soudaines que dangereuses. Le fond de l’eau, partie qui s’oppose à la surface : quand l’eau est claire, on distingue le fond de la mer. Le bas-fond désigne la partie de la mer ou du fleuve où l’eau est profonde en comparaison de ce qui l’entoure, tandis que le haut-fond désigne un sommet sous-marin couvert d’une mince épaisseur d’eau. Les marins savent ce que c’est toucher ou perdre le fond : c’est sentir, avec le plomb de sonde, le sol où reposent les eaux. Les plongeurs connaissent, quant à eux, l’ivresse des grands fonds, celle des eaux profondes où la folie menace. Savoir s’il y a assez de fond, c'est-à-dire assez de profondeur pour plonger. Quand on retrouve une épave, on indique qu’elle reposait à x mètres de fond, justement parce qu’elle a été envoyée par le fond.

Si le fond désigne la partie profonde, on parle alors du fond de la vallée, et même du fond d’un artichaut, la partie cachée sous les feuilles. D’où l’expression au fin fond qui  signifie « au point extrême ».

Au sens figuré

Une personne qui a du fond, c’est quelqu’un sur qui l’on peut faire fond, c’est-à-dire tout simplement « compter ». On fera sans doute confiance à celui qui découvre le fond de son cœur ou qui parle du fond du cœur. De même, on prendra au sérieux quelqu’un qui déclare vous dire le fond de sa pensée. On utilise également l’expression ce fond de l’air frais quand on a cru qu’il faisait doux et que l’on découvre le contraire.

On peut avoir un bon fond – ou un « mauvais », c’est selon !

Quand on parle du fond et de la forme, on renvoie par là dans une œuvre d’art, à la distinction entre « le sujet » traité (le fond) et la manière de le traiter (la forme). D’où l’expression : c’est une question de fond, qui signifie qu’on touche à l’essentiel et non au style.

On peut essayer de comprendre le fond du problème, mais le fond des choses nous restera toujours inaccessible, si cette expression représente « la réalité profonde de l’être ».

Les emplois figés

On retrouve le mot fond dans bon nombre d’expressions adverbiales.

Au fond, c'est-à-dire « en réalité ». La phrase « Au fond, tu n’as pas tort » suggère que tu avais seulement « l’air » d’avoir tort.

À fond signifie « jusqu’au bout, complètement » : « Respire à fond ». Des tournures comme à fond de train ou, plus familièrement, à fond la caisse signifie que l’on va très vite. Mais à fond de cale est une expression vieille pour dire qu’on est dans la misère.

De fond s’emploie au sens de « fondamental » : pour une enquête de fond, par exemple.

On trouve également fond dans des expressions toutes faites : toucher le fond signifie que l’on n’a plus d’espoir, et agir à fond perdu, c’est agir inutilement.

Tenir la distance… Le fond désigne également une catégorie d’épreuves sportives. C’est le cas des coureurs de fond qui disputent des courses de fond, de demi-fond ou de grand fond mais aussi pour les skieurs de fond qui font du ski nordique ou ski de fond.

Toucher le fond… Ceux qui ont vraiment touché le fond se retrouvent souvent dans ce que l’on appelle les bas-fonds.

Quant aux homonymes, citons : (je, tu) fonds, (il) fond (de fondre, devenir liquide) – (ils) font (de faire), les fonts baptismaux.

Source : Pratique et maîtrise de la langue française, éditions Atlas.

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