Qui ne s’est pas donné du mal pour déchiffrer une lettre parce que les accents y manquaient ou avaient été mis en dépit du bon sens ? Indiscutablement, ils font partie de la langue française et, si leur omission n’est pas souvent considérée comme une faute grave, elle confère un aspect négligé, peu poli pour le lecteur. Du reste, certains accents sont indispensables à la compréhension (par exemple aile et ailé, des et dès, tache et tâche).
CE QU’IL FAUT SAVOIR
Le français compte trois accents :
- l’accent aigu, qui porte uniquement sur le e (é) ;
l’été agréable malgré
- l’accent grave, qui peut porter sur le e, le a et le u ;
l’accès une barrière je sème déjà là où
- l’accent circonflexe, qui peut porter sur toutes les voyelles sauf le « y ».
le château la bête nous fîmes le dôme le jeûne
La présence ou l’absence d’un accent sur le « e » donne des indications de prononciation de la voyelle.
élevé > [eləve]
élève > [elєv]
Sur les autres voyelles, l’accent grave ne change pas la prononciation, mais il permet de distinguer des homophones. On prononce de la même façon là et la, où et ou.
L’accent circonflexe peut marquer un changement de prononciation lorsqu’il porte sur « a » ou « o », mais pas toujours.
une chatière notre
châtier le nôtre
mais chas (le « a » se prononce comme dans châtier) et atome (le « o » se prononce comme dans le nôtre) n’ont pas d’accent.
Son absence empêche de distinguer des mots ayant un sens fort différent :
passe (action de passer) et passé (temps écoulé)
porte (ouverture) et porté (participe passé du verbe porter)
sale (malpropre) et salé (contenant du sel)…
PAS D’ACCENT
Le « e » ne porte jamais d’accent s’il se prononce [ə] ou s’il est muet.
repartir rapidement envelopper
On ne met pas d’accent sur le e prononcé [e] ou [є] s’il précède :
- une consonne finale (sauf « s »), qu’elle soit prononcée ou non (on écrit cependant avec l’accent circonflexe : arrêt, forêt, intérêt, prêt et genêt)
fier sec recel rejet assez pied mais abcès
- un « x »
un exercice flexible un silex
- deux consonnes ou plus ou une consonne double.
hiberner acceptable
perspicace ethnologue quetsche
effort lettre appellation
Jamais d’accent sur une voyelle devant une consonne double sauf dans châsse (« coffre ») et les mots de sa famille.
chasser – efficace – un billot – une colonne – une goutte
Mais il faut accentuer le « e » suivi de deux consonnes :
– si la seconde consonne (différente de la première) est « l » ou « r »
négliger le trèfle allégro un zèbre
– si les deux consonnes forment un seul son
une flèche régner le méthanol bicéphale
L’ACCENT AIGU
On met un accent aigu sur le « e » :
- s’il est la première lettre du mot (sauf ère et ès)
un élevage
- s’il est la dernière lettre du mot, sans tenir compte des « s » de pluriel ou des « e » muets
le blé, les blés oublié, oubliée un lycée
- s’il précède une syllabe ne contenant pas de « e » muet
sécurité régal pénétrer
- dans les préfixes dé-, mé– et pré-, quelle que soit la syllabe qui suit
développer mésestimer prévenir
L’ACCENT GRAVE
On met un accent grave sur le « e » s’il précède :
- une syllabe contenant un « e » muet (c’est pour cela que l’on écrit ère).
Cependant, on maintient l’accent aigu dans médecin et médecine ;
le solfège un règlement il achète fièrement
- un « s » final (autre que le « s » du pluriel), que ce « s » soit prononcé ou non (c’est pour cela que l’on écrit « es »).
après le succès un herpès
REMARQUE
- Il évite toute confusion entre « a » (du verbe avoir) et « à » (préposition) :
Il a un jeune frère. II parle à son jeune frère.
- L’accent grave se rencontre aussi sur les mots suivants :
– ça : uniquement dans ça et là, où ça veut dire ici (à la différence de ça, forme contractée de cela : « Je trouverai ça parmi les objets dispersés ça et là. »)
– deçà : dans l’expression en deçà (« Ce chiffre est en deçà de la vérité. »)
– déjà : adverbe très fréquent
– delà : dans au-delà et par-delà (à ne pas confondre avec au-deçà et en deçà : « pour les Français, Grenoble est en deçà des Alpes et Turin est au-delà »)
– holà : peu usité de nos jours, sauf dans l’expression mettre le holà.
– là : qui se distingue ainsi de l’article défini la («À partir de là, on a eu de la chance ») et qui peut compléter un démonstratif : cet enfant-là, celui-là…
– voilà : dont l’origine est claire (vois là).
– Sur la lettre « e » :
N’oublions pas l’accent grave à l’indicatif présent de verbes comportant un « e » ou un « é » à l’infinitif :
espérer → j’espère acheter → j’achète sécher → je sèche lever → je lève
Sachons distinguer les mots des (article indéfini au pluriel) et dès (préposition ou élément de la locution conjonctive dès que) :
Crois-tu que tu auras des millions dès demain ? Elle met des lunettes noires dès qu’elle sort.
– Sur la lettre « u » :
Le cas ne se présente que pour le mot où (adverbe et pronom relatif indiquant le lieu), à ne pas confondre avec ou (conjonction de coordination) :
Je partirai ce soir ou demain. Je partirai où tu voudras.
Certains mots comme évènement, crémerie, réglementation, etc. peuvent également s’écrire avec un accent aigu (événement, crémerie, réglementation…). Mais par souci de cohérence, il vaut mieux leur appliquer la règle énoncée ci-dessus et les écrire avec un accent grave.
Il en va de même pour les verbes qui ont un « é » dans l’avant-dernière syllabe de leur infinitif : au futur et au conditionnel, on peut les écrire avec « é » ou « è » (également à privilégier).
régler il règlera (ou réglera) il règlerait (ou réglerait)
EN RÉSUMÉ (HORMIS LES CAS PARTICULIERS) :
- pas d’accent si le « e » ne termine pas la syllabe
ef/fort hiber/ner flexible
- accent grave si le « e » termine la syllabe et est suivi d’un « e » muet
rè/glement il complètera
- accent aigu si le « e » termine la syllabe sans être suivi d’un « e » muet
régler il complétait
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