LES NOMS COMPOSÉS

Dans les noms composés écrits avec un trait d’union, seuls les noms (sauf les noms propres) et les adjectifs peuvent se mettre au pluriel.

des rouges-gorges (nom + adjectif)

des arrière-pensées (adverbe + nom)

Les éléments de composition sont eux aussi invariables.

des semi-remorques, les Latino-Américains

Il faut généralement « décomposer » le sens du nom composé pour savoir si l’adjectif ou le nom se met au pluriel.

des choux-fleurs (= des choux qui ressemblent à des fleurs)

des timbres-poste {= des timbres pour la poste)

Mais dans bien des cas, l’analyse n’est guère possible : en cas de doute, il faut consulter un dictionnaire.

des loups-garous, des chefs-d’œuvre

Pour le pluriel des noms composés du type « préposition + nom » ou « verbe + nom », il est toujours possible (voire recommandé) de mettre le nom au pluriel et de le laisser au singulier lorsque le nom composé est au singulier.

un allume-cigares des allume-cigares

un bouche-trou des bouche-trous

un cache-pot des cache-pots

Un nom composé est constitué de plusieurs mots dont la combinaison lui donne un sens particulier. Ainsi, un porc-épic n’est pas un porc et un pied-à-terre n’a plus qu’un lointain rapport avec le pied.

Parfois, ces mots ont fini par se souder et le pluriel est alors normal :

un gendarme  > des gendarmes

un portefeuille  > des portefeuilles

sauf pour des bonshommes, des gentilshommes ainsi que mesdames, mesdemoiselles, messieurs et messeigneurs.

Les autres noms composés s’écrivent ou non avec un trait d’union (voire avec deux). C’est sur eux que se concentrera notre attention.

Les deux éléments prennent la marque du pluriel

  • Dans le groupe nom + nom :

un chou-fleur > des choux-fleurs

un garde-malade > des gardes-malades : garde est ici un nom

un oiseau-mouche > des oiseaux-mouches

un wagon-citerne > des wagons-citernes

ATTENTION EXCEPTIONS

des années-lumière

des bulletins-réponse

des pauses-café

des stations-service

  • Dans le groupe nom + adjectif (ou adjectif + nom) :

un coffre-fort  des coffres-forts

une chauve-souris des chauves-souris

un grand-père  des grands-pères

une sage-femme des sages-femmes

ATTENTION EXCEPTIONS

Dans les noms composés de franc, les deux éléments prennent la marque du pluriel : des francs-maçons, des francs-parlers.

Dans les composés féminins, franc est invariable : des horloges franc-comtoises.

Quand grand entre dans la composition d’un mot féminin, il ne prend pas la marque du féminin : des grand-mères.

  • Au lieu de l’adjectif on peut trouver un participe passé :

un compte rendu   des comptes rendus

Le second élément prend seul la marque du pluriel

  • Si ce mot, invariable par nature, est :

une préposition :

un en-tête  > des en-têtes

un sous-officier > des sous-officiers

un adverbe :

un bien-pensant > des bien-pensants

un trop-plein  > des trop-pleins

une particule comme « vice » :

un vice-consul  > des vice-consuls

un vice-roi  > des vice-rois

  • Dans le groupe verbe + nom :

un couvre-lit > des couvre-lits

un tire-bouchon   > des tire-bouchons

ATTENTION EXCEPTIONS*

des cessez-le-feu

des trompe-l’oeil

des abat-jour

des appuie-tête

des casse-croûte

des chauffe-eau

des grille-pain

*liste non exhaustive

  • Si l’un de ces deux noms est le complément de l’autre, seul le premier se met au pluriel :

Jamais de pluriel pour le 2e nom dans les composés du type nom + préposition + nom ; seul le premier peut être au pluriel.

un arc-en-ciel  > des arcs-en-ciel

un chef-d’œuvre   > des chefs-d’œuvre

une eau-de-vie  > des eaux-de-vie

une pomme de terre > des pommes de terre

ATTENTION EXCEPTIONS

des dessus-de-lit

des hors-d’oeuvre

des ras-le-bol

des rez-de-chaussée

des tout-à-l’égout

  • Lorsque le premier élément se termine par une des voyelles a, é, i, o, il s’agit de formes invariables :

des extra-forts, des infra-sons

des tragi-comédies, des semi-remorques

des ciné-clubs, des télé-enseignements

des Anglo-Saxons, des Néo-Zélandaises

des auto-stoppeurs, des oto-rhino-laryngologistes

 Les deux éléments restent invariables

  • Dans le groupe verbe + verbe :

des faire-valoir

des garde-manger

des laisser-aller

des laissez-passer (laissez est ici conjugué à l’impératif, d’où le z)

des sauve-qui-peut

des savoir-vivre

un va-et-vient > des va-et-vient

Il n’y a donc pas de changement si le second mot après un verbe est déjà au pluriel :

un casse-noisettes  > des casse-noisettes

un compte-gouttes > des compte-gouttes

  • Pour voir si certains mots restent inchangés au pluriel, on pensera à leur sens littéral :

des brise-glace : ils brisent la glace

des réveille-matin : ils nous réveillent le matin

des perce-neige : elles sont censées percer la neige dès la fin de l’hiver.

  • Parfois il faut recourir au bon sens ou à la réflexion :

des saint-bernard : ces chiens font référence au saint né à Menthon (Haute-Savoie) ; ce nom propre ne varie pas

des serre-tête : ces bandeaux ne peuvent serrer qu’une tête à la fois

des crève-cœur : c’est le cœur au figuré et en général (donc au singulier) que ces peines sont réputées « crever », déchirer

des tête-à-tête  : entretiens où, quel que soit leur nombre, on est seul à seul avec une personne ; de même s’il s’agit d’un service à thé pour deux.

des pur-sang : chevaux dont le sang est réputé pur selon certains critères.

Quelques cas curieux

Les passionnés d’orthographe connaissent les bizarreries suivantes :

des ayants droit : survivance de l’époque où le participe présent s’accordait

des reines-claudes : on a oublié que la reine Claude (épouse de François 1er) donna son nom à cette variété de prunes et on écrit le mot comme des reines-marguerites, dont le nom vient d’une autre fleur (la marguerite) des chevau-légers : il s’agit d’une forme ancienne du mot, quand l’x ne se mettait pas encore au pluriel

des couvre-chefs : chef est ici le vieux mot qui signifie tête, mais le bon sens noté à propos de serre-tête fait ici défaut…

des œils-de-bœuf : petites fenêtres rondes

des œils-de-perdrix : cors au pied

des œils-de-chat

des œils-de-paon

des œils-de-serpent

des œils-de-tigre : ces quatre derniers mots désignent des pierres plus ou moins précieuses.

Et, pour finir, un pot-au-feu, des pot-au-feu. Le dictionnaire Larousse du début du XXe siècle donne comme pluriel « des pots-au-feu ». Mais cette forme ne s’est jamais implantée, sans doute à cause de la liaison avec le t de pot.

LES ADJECTIFS COMPOSÉS

Il s’agit ici d’adjectifs qualificatifs comportant deux parties souvent reliées par un trait d’union, comme franco-espagnol et sous-cutané.

  • Dans quelques cas, les deux éléments prennent la marque du pluriel (et du féminin, d’ailleurs) :

aigre-doux   > « Tu préfères les pommes aigres-douces »

sourd-muet > « Je veux aider des enfants sourds-muets »

tout-puissant   > « Leurs armées étaient toutes-puissantes »

grand ouvert > « Chez nous les portes sont grandes ouvertes »

frais éclos   > « Elle veut un bouquet de fleurs fraîches écloses »

  • Le plus fréquemment, seul le second élément s’accorde.

C’est souvent le cas si les deux parties sont reliées par un trait d’union :

avant-coureur   > « remarquer les signes avant-coureurs de l’orage »

court-vêtu  > « applaudir des majorettes court-vêtues »

nouveau-né   > « compter les garçons nouveau-nés de la maternité »

post-impressionniste >  « vendre des tableaux post-impressionnistes »

sous-exposé > « prendre des photos sous-exposées »

C’est toujours le cas des adjectifs dont le premier élément se termine

  • par a :

extra-utérin   > « faire des grossesses extra-utérines »

intra-artérielle  > « procéder à des injections intra-artérielles »

ultra-catholique  > « rencontrer des familles ultra-catholiques »

  • par i :

demi-mort  > « secourir des enfants demi-morts de faim »

tragi-comique  > « écrire des récits tragi-comiques »

semi-circulaire   > « édifier des murs semi-circulaires »

  • par o (c’est le cas le plus courant) :

auto-immunitaire   > « contrôler les réactions auto-immunitaires d’un malade »

néo-réaliste   > « aimer les films néo-réalistes »

physico-chimique   >  « étudier les applications physico-chimiques d’une découverte »

socio-économique  > « aggraver les problèmes socio-économiques d’un pays »

anglo-saxon  > « avoir des habitudes anglo-saxonnes »

Les adjectifs composés comme anglo-saxon sont à peu près innombrables : franco-russe, sino-américain, indo-européen, afro-cubain, gallo-romain

LE CAS DES EXPRESSIONS OU LOCUTIONS

Elles s’écrivent toujours au singulier.

des qu’en-dira-t-on

des je-ne-sais-quoi

des m’as-tu-vu

des ouï-dire

des prêchi-prêcha

des va-tout

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