Le freelance ne connaît pas les 35 heures. Les week-ends et les jours fériés ? Jamais entendu parlé. Et les vacances ? C’est devenu abstrait ? Je grossis le trait volontairement mais quand on dialogue avec les freelances qui ont quelques années d’activité, c’est un peu le discours qu’ils tiennent. Ils expriment plus exactement la difficulté de lever le pied et de planifier leurs congés.

Hopwork, plateforme française de freelances, a voulu connaître le rapport entre les congés et l’activité d’indépendant. Des résultats qui montrent comment les freelances gèrent leurs vacances et les différences notoires entre les femmes et les hommes. J’émets un petit bémol quant à ce que ce sondage, effectué en février 2016, soit très représentatif, en rappelant la méthodologie, puisque 650 freelances représentatifs de la profession au niveau national ont répondu sur une communauté de 15 000 membres inscrits sur Hopwork.

« Aujourd’hui, près de la moitié (47 %) des freelances prennent entre 3 et 4 semaines de vacances par an. Cela représente un peu moins que les salariés, mais beaucoup plus que la moyenne des chefs d’entreprise qui ne posent que 19 jours de repos par an (source Ifop 2015). Par ailleurs, les freelances ont souvent quelques jours d’intermissions par mois, ce qui ne représente pas des vacances au sens propre du terme mais signifie potentiellement un allègement de leur rythme de travail ». – Vincent Huguet, CEO et cofondateur de Hopwork.

Une enquête Insee en 2010 « Emploi en continu » vient plus ou moins corroborer ces chiffres. En 2010, les non-salariés avaient pris en moyenne 32 jours ouvrables de congé, correspondant à 5,3 semaines de congé, c’est-à-dire une semaine de moins que les salariés.

Les femmes partent plus en vacances que les hommes

D’après ce sondage Hopwork, les femmes freelances prennent plus de vacances mais 70 % des femmes ont plus de difficultés à se décider de les prendre. Face aux missions à réaliser dans des temps impartis, se pose la difficulté pour les mamans de gérer la garde des enfants pendant les vacances scolaires.

Le frein aux vacances : la pérennité de son activité

Je m’attarderais plus sur les raisons qui font que les freelances ne prennent pas de congés.
Pour les deux sexes, l’objectif principal est de réaliser leurs missions et atteindre les objectifs de leurs clients. C’est le cas pour 44 % des hommes et 34 % des femmes. Le manque à gagner financier arrive tout de même en deuxième position avec 33 % pour les femmes et 22 % pour les hommes. Fait remarquable d’après ce sondage, l’envie de continuer de travailler et non de prendre des vacances est plus forte chez les hommes (21 %) et presque absente chez les femmes (3 %). En gros, j’aime ce que je fais donc pourquoi devrais-je m’arrêter ?

 Les femmes, quant à elles, s’inquiètent plus du manque de budget pour les congés (30%).

47 % des freelances prennent entre 3 et 4 semaines par an

A l’égard de ce pourcentage, il aurait été intéressant de pousser plus loin ce sondage et de connaître les professions essentiellement concernées par cette durée de prise de congés possible sur l’année, et également leur revenu moyen mensuel leur permettant de moins craindre un manque à gagner financièrement en s’absentant et leur ayant permis de budgeter des vacances.

Partis mais toujours connectés

Pendant leurs vacances, les freelances restent disponibles et ceux qui parviennent à déconnecter totalement sont rares : seulement 8 % chez les femmes et 9 % chez les hommes. La grande majorité (66 % chez les femmes et 56 % chez les hommes) se sentent obligés de vérifier leurs emails et appels téléphoniques régulièrement mais ne répondent qu’en cas d’urgence. Les autres continuent de répondre aux sollicitations normalement.

A cet effet, l’un des choix déterminant des freelances pour leur destination de vacances est la disponibilité d’une connexion Internet. 77 % des femmes en ressentent le besoin et 78 % des hommes.

Les hommes freelances ont besoin de beaucoup d’outils à leur disposition et même pendant leurs congés. En effet, 39 % emportent avec eux tout le matériel nécessaire afin de travailler, alors que 37 % des femmes ne prennent que le strict minimum uniquement pour répondre aux besoins urgents.

En outre, les indépendants décideraient majoritairement de ne pas prévenir leur clientèle de leur départ et ne configureaient pas leur messagerie vocale ou électronique en ce sens.

On peut s’interroger sur un tabou éventuel à ce qu’un indépendant signale prendre des vacances, une crainte sous-jacente de signaler une indisponibilité donc un manque induit à gagner de ne pas assurer des missions.

Des vacances en fonction de l’ancienneté de création

Le sondage conclut que plus la durée d’activité est longue, plus les congés sont nombreux.

On pourrait convenir que prendre des vacances quand on est indépendant n’a rien de compliqué même si effectivement, quand on ne travaille pas, on ne gagne rien. Au début de son activité, le freelance est freiné parce qu’il n’a pas d’argent, et quand ça commence à rouler, les freelances restent contraints d’arbitrer entre besoin de détente et manque à gagner.

Depuis que vous êtes freelance, avez-vous fait une croix sur les vacances ?

Vous êtes-vous vu reporter ou annuler vos vacances en raison de missions ?

Résolvez-vous, à tout prix, à en prendre, pour éviter le burn-out, ou pour le moins afin d’avoir un meilleur recul sur votre activité ?

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