Aller au-delà des mots, d’après cet article, signifierait de ne plus s’arrêter aux mots, ni même à leur définition, mais de s’intéresser au sens de ces mots.

À cet effet, je reprendrais une citation de Ambrose Bierce : « L’orthographe est une science qui consiste à écrire les mots d’après l’œil et non d’après l’oreille. ».

D’un point de vue « technique », en tant que correctrice, je fais souvent face à ces situations, dans lesquelles les personnes que je relis ont écrit les mots d’après l’œil et non d’après l’oreille, et vice versa.

Prenons l’exemple suivant. Quel accord grammatical choisissez-vous ?

La plupart croit/croient que le bonheur est dans la richesse.

Alors que ce pronom indéfini est précédé de « la », cela laisse croire à un accord au singulier et non au pluriel. Malgré son apparence, « la plupart » recouvre un pluriel. Quand « la plupart » est pris au sens de « le plus grand nombre des hommes », le verbe se met au pluriel. Toutefois, devant un nom qui ne supporte pas le pluriel, cette locution est du singulier (la plupart du syndicat désapprouve).

Il faut dans l’exercice de la correction professionnelle – humaine j’entends bien – aller au-delà du mot en lui-même, rechercher sa signification, voir en quoi le terme utilisé est « pris au sens de ».

La langue française regorge de subtilités de par les synonymes, les paronymes. Pourquoi choisir « aquatique » plutôt que « marin » ; « illettré » plutôt que « analphabète » ; « signaler » au lieu de « signaliser » ; « acceptation » au lieu de « acception ». Il y a bien des cas où certains mots sonnent mieux à nos oreilles, mais pour autant ils ne sont pas justes. Il faut veiller au sens de ces mots, le vérifier et employer le mot juste selon le contexte.

Tous ces mots font sens. Alors aller au-delà des mots, oui, mais comment ? Serait-ce une question de curiosité ?

Website Comments

  1. denisgentile
    Répondre

    Très intéressante réflexion. Merci pour cet article.
    L’italien par exemple qui est une langue que je connais bien utilise l’oreille, on écrit ce que l’on entend. Une dictée aurait peu d’intérêt en Italie car il suffit de bien écouter pour ne faire aucune faute. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard qu’il s’agisse de la langue de l’Opéra. En revanche, les sons ne s’entendent pas en français, c’est le cas de la plupart des pluriels. L’oeil est donc bien plus important. Deux langues latines, même racine, mais qui utilisent des sens différents.

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